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CULTURE
CINÉMA
Avec « Yamabuki », Juichiro Yamasaki filme la fabuleuse chronique d’un Japon rural
Dans une esthétique sublimée par la pellicule, le réalisateur suit le destin d’une jeune militante pacifiste et d’un migrant coréen.
Par Clarisse Fabre
Publié le 02 août 2023 à 12h30, modifié le 03 août 2023 à 16h45
Temps deLecture 2 min.
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Yamabuki (Kilala Inori) dans « Yamabuki », de Juichiro Yamasaki. FILM UNION MANIWA/SURVIVANCE
L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
L’un des plus beaux cris de la semaine est muet. Il nous est donné à voir – plus qu’à entendre – lors d’une manifestation silencieuse, au carrefour d’une petite ville japonaise. Une grappe de gens, immobiles, sort des pancartes où sont inscrits des slogans pacifiques, antinucléaires. Et puis c’est tout. Ils regardent les voitures circuler autour d’eux, et c’est à peine si les automobilistes les calculent. La scène a quelque chose d’absurde, comme si les conducteurs étaient des marionnettes dans un manège, à bord d’autos tamponneuses. Ce réel est-il bien sérieux ?
Parmi les militants, Yamabuki (Kilala Inori), une lycéenne au regard sombre, portant l’uniforme jupe et cravate. Son prénom, évocateur de ces fleurs jaunes et délicates qui poussent à flanc de montagnes, donne son titre au troisième long-métrage de Juichiro Yamasaki, présenté à Cannes en 2022, à l’Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion). La mère de Yamabuki, journaliste engagée, est morte lors d’un reportage. Son père (Yohta Kawase) est policier et l’adolescente n’a rien à lui dire.
Yamabuki est le film d’un cinéaste-paysan. Cultivateur de tomates, Juichiro Yamasaki s’est installé à Maniwa, petite ville dans les montagnes de l’ouest du Japon. Né à Osaka en 1978, le réalisateur a grandi dans une famille cinéphile puis a étudié l’anthropologie à l’université Bunkyo de Kyoto. Tourné près de chez lui, coproduit par sa société (Film Union Maniwa) et par Survivance, son film s’ancre dans les paysages familiers pour nouer un drame contemporain, constamment détourné par un certain sens du burlesque et du second degré. Les personnages expressionnistes convoquent le cinéma muet, l’humour de Jacques Tati.
Lire la rencontre : Article réservé à nos abonnés Juichiro Yamasaki, la constance du cinéaste-jardinier
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Une musique composée au piano-jouet par Olivier Deparis installe une légère dissonance, tandis que le film joue avec l’archétype de la jeune fille japonaise, sa frange impeccable, son teint de porcelaine. Le foisonnant récit de Juichiro Yamasaki – dont le père enseignait le scénario – s’échappe dans le surréalisme et emprunte les codes du polar de série B, lors d’une course-poursuite à travers la montagne.
La montagne comme personnage
La voici justement, cette montagne majestueuse, que creuse inlassablement une pelleteuse. La pellicule 16 millimètres magnifie le grain charbonneux des blocs d’anthracite qui finissent en poussières. C’est ici, dans cette carrière, que travaille un ouvrier coréen, Chang-su (Kang Yoon-soo), ancien jockey olympique. Le trentenaire rêve de remonter à cheval, vit avec une Japonaise (Misa Wada) et sa fillette, dont il n’est pas le père biologique. Sans doute est-ce pour cela que l’enfant l’appelle « Pap », et non « Papa » – détail qui a son importance pour ce migrant qui cherche désespérément à s’installer et à fonder une famille.
Tarif normal : 10€
Carte d'abonnement : 4,5€
Carte UGC illimité acceptée