Je vous propose de visiter le
Musée Albert Kahn et ses magnifiques jardins
Un aperçu des magnifiques jardins japonais et ce n'est qu'une partie des merveilles que l'on trouve dans ce lieu magique et dépaysant ! On y raconte aussi qui est Albert Kahn et quel était son projet.
https://www.youtube.com/watch?v=0TOMQlOXQr0
Pour apprécier à sa juste valeur le lieu que nous allons visiter, voici l’histoire du projet que représente ce lieu et, tout d'abord, celle de l’homme qui l’a créé, un philanthrope digne d'admiration.
Qui est Albert Kahn ?
L'histoire d'un homme hors du commun habité par un idéal de connaissances et de paix
Abraham Kahn est né le 3 mars 1860 à Marmoutier, dans le Bas-Rhin ; il est l’aîné de six enfants (deux sœurs sont décédées en bas âge). Sa famille appartient à une petite communauté de commerçants juifs. Son père est marchand de bestiaux. Sa mère décède alors qu’il n’a que dix ans, quelques mois seulement avant le début de la guerre qui aboutira à l’annexion de l’Alsace-Moselle par l’Allemagne. Il décide de monter à Paris à 16 ans, où il reprend la nationalité française et change son prénom pour se faire désormais appeler Albert.
Son ascension professionnelle et financière
Il travaille d’abord pour un magasin de confection de vêtements rue du Faubourg Montmartre, puis entre modestement en tant que commis à la banque des frères Charles et Edmond Goudchaux, cousins éloignés et héritiers d’une banque lorraine.
Sa perspicacité et sa combativité le conduisent rapidement au poste de fondé de pouvoir, puis d’associé. En quelques années, de 1889 à 1893, il bâtit une fortune en spéculant tout d’abord sur les mines d’or et de diamants d’Afrique du Sud. Parallèlement, il collabore à des syndicats de placement dans des projets industriels ou des emprunts internationaux (japonais, sud-américains). En 1892, il devient associé des Goudchaux, puis monte sa propre banque en 1898. Il a alors 38 ans.
Tout en gagnant sa vie, il veut reprendre ses études et cherche un répétiteur pour le soutenir dans son effort. Il devient en 1879 le premier élève d’Henri Bergson, fraîchement entré à l’École normale supérieure. Les deux jeunes gens se lient d’amitié et resteront en contact leur vie durant. Aussi Kahn lui écrit-il, en 1887, que la réussite en affaires « n’est pas son idéal ».
La création de son projet philanthropique
Fortune faite, il se lance en effet dans la création de son projet philanthropique. Il s’intéresse aux questions politiques et sociales qui traversent son époque et cherche à mettre en place des lieux de réflexion et de débat, désireux de donner aux hommes les moyens de mieux se connaître. Voir, savoir, prévoir : Albert Kahn milite pour le rapprochement entre les peuples en insufflant l’esprit international dans son réseau d’élites éclairées. À partir de la création de différentes fondations (il en crée une dizaine entre 1898 et 1932), il cherche à appréhender l’humanité dans sa complexité, convoquer tous ses aspects (biologique, sociologique, politique, économique, géographique…) et favoriser le décloisonnement disciplinaire. Il lance à partir de 1909 son projet d’inventaire visuel du monde : Les Archives de la Planète.
Cette archive visuelle documentaire s’inscrit elle-même dans un projet plus global initié en 1898, avec les Bourses de Voyages Autour du Monde, données à l’Université de Paris, qui accordent à de jeunes agrégés un financement sur concours afin qu’ils réalisent un voyage de quinze mois dans un pays étranger, pour qu’ils prennent « réellement contact avec la vie ». A partir de 1905, Albert Kahn ouvre ces bourses aux femmes agrégées, et sur cette lancée, crée la Société Autour du Monde en 1906, société destinée à favoriser les échanges entre les anciens boursiers et l’élite internationale. En 1914, il initie la création du Comité du secours national, qui prête assistance aux populations civiles victimes de la guerre. En 1916, il fonde le Comité national d’études sociales et politiques, où des intellectuels se rassemblent en vue d’éclairer les autorités par des travaux d’analyse sur des problématiques d’actualité. En 1918, il publie un manifeste en faveur de la prévention des conflits, intitulé Des droits et devoirs des gouvernements et crée un premier centre de documentation sociale à l’Ecole Normale Supérieure en 1920. A partir de 1926, il accueille le laboratoire de biologie et cinématographie scientifique dirigé par le docteur Jean Comandon sur sa propriété.
« Nos fondations, conçues, ébauchées ou réalisées depuis 1897, ont eu en conséquence pour objet d’enregistrer [l’activité universelle] en vue d’en dégager l’esprit et de là, grâce à la Documentation ainsi constituée, de guider les Aspirations de l’Homme », Albert Kahn, Nos Fondations, 28 mars 1932.
Au début des années 1930, les conséquences du krach de Wall Street entraînent sa ruine et mettent un coup d’arrêt à l’ensemble de son action.
Du projet au musée : la naissance du musée Albert-Kahn
Sous l’influence des admirateurs de son œuvre, le Département de la Seine acquiert en 1936 la propriété et les collections d’images d'Albert Kahn. Malgré cette mobilisation, il est difficile à l’époque de comprendre la pertinence du projet dans son ensemble. Considérés indépendamment les uns des autres, certains éléments sont revendus, d’autres détruits.
Le domaine et les collections sont ensuite dévolus au département des Hauts-de-Seine lors de sa création en 1968. Dans les années 1980, un musée est créé afin d’étudier et de conserver les collections. Au-delà de cette mission, il leur redonne une place dans une œuvre globale. Bénéficiant de l'appellation "Musée de France", le site est protégé depuis 2015 au titre des monuments historiques (inscription du jardin et du bâti ancien).
Un musée dédié à l'œuvre d'Albert Kahn
Partager le monde : le musée départemental Albert-Kahn
Le musée départemental Albert-Kahn est donc consacré à la conservation, la diffusion et la valorisation de l’œuvre d’Albert Kahn (1860-1940).
De cette œuvre foisonnante, le musée conserve des collections photographiques et cinématographiques uniques,les Archives de la Planète (1909-1931) et un précieux jardin à scènes paysagères qui fut le cadre de vie et d’inspiration du banquier. Ces collections, restées relativement confidentielles au XXe siècle, s’ouvrent désormais au plus grand nombre, sur le site même de leur conception, la propriété d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt.
Aujourd’hui, l’identité du musée, s’appuyant sur la singularité et la richesse de ce projet hors norme, se veut plurielle : un musée d’images tourné vers les questions de société, profondément ancré dans un lieu qui met le monde à portée de main.
Un parcours inédit de découverte des collections pour tous les publics
Ces intentions s’incarnent aujourd’hui dans le parcours de visite du nouveau musée, qui lie intimement les collections d’images aux collections végétales, et se déploie sur l’ensemble du site, du nouveau bâtiment de Kengo Kuma aux pavillons patrimoniaux restaurés et aux scènes paysagères du jardin. Le visiteur est incité à devenir pleinement acteur de sa visite au travers des nombreux dispositifs interactifs proposés ; ses émotions et ses sens sont mobilisés pour mieux comprendre les collections et susciter la réflexion.
En complément du parcours permanent, la grande salle dédiée aux expositions temporaires et la salle des plaques restaurée, ancien lieu de conservation des autochromes, sont autant d’écrins pour aborder sous d’autres angles les thématiques des collections et du projet d’Albert Kahn.
Le croisement des disciplines cher au banquier philanthrope est aussi à l’œuvre dans le centre de documentation, lieu ressource pour les chercheurs et les partenaires scientifiques du musée comme pour les curieux, et dans le nouvel auditorium qui accueillera une programmation pluridisciplinaire en lien avec les collections et les expositions.
Pour les enfants – et leurs accompagnateurs – le salon des familles, en accès libre à l’étage du nouveau bâtiment, propose une exploration ludique, créative et interactive des collections, en autonomie ou accompagnée par les médiatrices du musée.
Une librairie-boutique prolonge la visite et un espace de restauration rapide offre un moment de convivialité.
La tradition d’hospitalité de ce lieu, où Albert Kahn recevait ses invités, est ainsi réactivée, pour construire, à partir d’un projet d’influence du XIXe siècle, un projet de partage pour le XXIe siècle.
D’Albert Kahn à Albert-Kahn
Préserver et enrichir le patrimoine considérable issu du projet d’Albert Kahn et transmettre ce projet inédit de connaissance du monde, passent par la contextualisation historique - donner à comprendre l’œuvre d’Albert Kahn en son temps -, et la réactivation contemporaine - donner à percevoir l’actualité des thématiques développées.
Pour ce faire, tout comme Albert Kahn convoquait des vastes champs d'étude de la vie et des sociétés, le musée étudie et présente ses collections dans une approche pluridisciplinaire (histoire, photographie, cinéma, géographie, ethnologie…) et s'ouvre à des propositions artistiques contemporaines, en particulier dans le cadre des expositions temporaires et de la programmation culturelle de l’établissement.
« Garder les yeux grands ouverts »
Le musée se veut un lieu d’éducation à l’image et par l’image où le débat et l’échange sensibilisent les publics à des problématiques sociales, sociétales ou esthétiques.
Pour favoriser cette ouverture, l’expérience sensible de visite, conçue autour de dispositifs immersifs s’appuyant sur les technologies numériques actuelles, se fait l’écho des procédés utilisés par Albert Kahn pour l’enregistrement et la diffusion de ses idées - cinéma, projections d’autochromes et déambulations -, qui suscitaient déjà, à l’époque, émerveillement et émotion.
L’expérience sur site se prolonge hors les murs, notamment à destination des scolaires, et en ligne, dans une volonté de partage et de réappropriation des collections par le grand public.
Le génie du lieu : le monde en ce jardin
Pour anticiper la visite et commencer à rêver, télécharger les documents suivants :
https://albert-kahn.hauts-de-seine.fr/la-fresque-du-jardin-de-societe
https://albert-kahn.hauts-de-seine.fr/fileadmin/user_upload/PDF/Livret_Visiteur_VERT.pdf