Dans les circonstances qui ont marqué le monde ces derniers mois, nous avons souhaité vous faire découvrir VIRUS, le regard d’Antoine d’Agata sur la crise sanitaire provoquée par le Covid-19 et ses résonances sociales et politiques. L’exposition présente une installation de plus de 1 000 photographies sur les 13 000 réalisées par Antoine d’Agata entre le 17 mars et le 20 mai 2020 et préfigure la sortie le 29 octobre 2020 du nouvel Opus de l’artiste édité par le Studio Vortex.

“ Nous ne sommes qu’un peu de chaleur solaire emmagasinée, organisée, un souvenir de Soleil. Un peu de phosphore qui brule dans les méninges du monde. ” Paul Cézanne

Dès le premier jour du confinement consécutif à l’épidémie de Covid-19, Antoine d’Agata a parcouru les rues de Paris avec une caméra thermique pour enregistrer, à sa manière, l’épisode viral qui a fait de la ville un étrange théâtre d’âmes errantes, de têtes baissées et de corps fuyants. C’est comme « agent de contamination » qu’il s’est engagé dans l’expérience ouverte par l’épidémie et le confinement. D’abord attiré par la façon dont cet appareil thermodynamique enregistre les différents rayonnements infrarouges (ondes de chaleur) émis par les corps et qui varient en fonction de leur température, l’artiste a vite été fasciné par un processus qui réduit les sujets humains à des figures essentielles, dénuées de caractéristiques ou spécificités superflues. Installé deux mois durant dans les bureaux de l’agence Magnum à Paris, il a utilisé la technique thermique pour rendre compte de l’imprégnation de la ville désertée dans le confinement : ville plongée dans le silence, traversée par des corps aux attitudes stéréotypées, habitée surtout par les sans abris qui apparaissent, à l’image, comme les derniers corps véritablement vivants et résistants, les compositions austères et teintées de flammes offrant une vision alternative et dystopique des rues qui se vident. (…) La situation requérait des veilleurs. Mathilde Girard, philosophe et écrivaine, écrit dès le début du confinement des fragments de ce qu’elle perçoit dans l’emballement des discours et des règles sanitaires, ce qu’elle voit dans la rue, les histoires qu’elle entend. En écrivant, il s’agissait pour elle, sans juger, de veiller aux effets du confinement sur la séparation entre les corps ; décrire tout ce qui apparaissait de stupéfiant dans la ville, comment les habitants se comportaient les uns avec les autres, comment les oiseaux volaient. Au bout d’une quinzaine de jours, elle prend contact avec Antoine d’Agata pour prendre de ses nouvelles. Ils étaient seuls l’un et l’autre dans la ville. Ils ont commencé une correspondance : Antoine envoyant les photos qu’il prenait; Mathilde ses fragments. Il est apparu très vite qu’une vérité se dégageait de cet échange et du rapport entre image et texte. Un sentiment de responsabilité, d’obligation collective, de voir et saisir en détail, jour après jour, le mélange de violence et de douceur, d’austérité politique et de solidarité a guidé leur démarche. Le geste photographique et le travail littéraire se sont rencontrés dans ce même souci, dans cette situation tragique et froide dont ils ne pouvaient se détourner.

L’ouvrage VIRUS, sous la direction de Tania Bohórquez et édité par le Studio Vortex en octobre 2020 accompagne l’exposition :

Photographies de ANTOINE D’AGATA, Textes de MATHILDE GIRARD, MEHDI BELHAJ KACEM, PHILIPPE AZOURY, LÉA BISMUTH, JUAN BRANCO, YANNICK HAENEL et FREDERIC NEYRAT.
Cet ouvrage a reçu le soutien de la Fondation Antoine de Galbert. Contact: www.studio-vortex.com

 

L’exposition a été produite en partenariat avec LE BAL dans le cadre du projet de soutien à la
création « Après » par TRAM Réseau art contemporain Paris / île-de-France et la Mairie de Paris.

 

Antoine d’Agata est membre de l’agence Magnum Photos et est représenté par la Galerie
des Filles du Calvaire à Paris