VINCENT BIZIEN
HOW DEEP IS YOUR GLOVE
Troubles et chancelants, les êtres peints par Vincent Bizien s’accommodent du seuil qu’offre la toile ou la feuille de papier. La béance offre un havre à leur errance marginale. Où traînent-ils leur carcasse, ces êtres ? Ni complètement de chair, ni entièrement de songe, ils sont les métisses de réalités vues, entrevues, perçues, déçues. Mister Nobody vagabonde dans les œuvres de l’artiste depuis plusieurs années. Idiot, l’étiquette lui colle à la peau, mais c’est pour lui un remède afin de ne pas se
N’œuvre-il pas en ex-centrique celui « qui a situé le centre de tout hors de tous les cercles où pourrait subsister ce qu’on appelle un « centre » »3 ? L’excentricité traverse l’art depuis les vies d’artistes rédigées par Giorgio Vasari au milieu du XVIe siècle. L’historien de l’art Daniel Arasse la ramène à la surface peinte dans une étude magistrale des tableaux de Piero di Cosimo, artiste
refléter dans le miroir si trouble de la société. « Sa déambulation n’est pas aisée, les bras ballants, le long du corps ou tendus vers 2
l’avant à la zombie, une chevelure massive et primitive. Mr Nobody est parfait. » . Avec ses avatars, il poursuit ses déambulations dans les toiles récentes de Vincent Bizien. Créature sans nom, elle a engendré une douce descendance d’êtres fantômes. Par le biais du dessin et de la peinture, l’artiste instaure un tête-à-tête qui permet la venue de tels protagonistes. Saisis dans la promptitude de l’apparition, ils se dérobent parfois, disparaissent et se métamorphosent sous le pinceau, au fil du temps et au gré de toiles palimpsestes. Quand point le dénouement, l’œuvre tend vers l’achèvement. Alors l’être errant a trouvé en l’œuvre sa terre d’accueil. Mais de quoi la toile est-elle le nom ? Les avatars de Mister Nodoby éclipsent les identités et préfèrent les pronoms neutres. Ils ne sont, en aucune façon, impersonnels. Vincent Bizien qualifie ses œuvres de réalisme subjectif. Il ne reproduit pas les contours d’un modèle vivant au sein d’un monde ordonné : il contourne les lignes et rejoint les silhouettes en marge, là où en apparence ne règne que le chaos et où subsiste pourtant plus d’une once d’humanité.
de la fin du Quattrocento. Il y discerne « une manière de ne pas entrer dans ce jeu des belles manières où l’effacement des 4
passions autorise aussi toutes les trahisons, toutes les déceptions » . La politesse de la peinture, Vincent Bizien la fait voler en éclats. Il extrait le suc des états affectifs. Pourtant, ce n’est pas un spectacle de la cruauté, tel que le souhaitait Antonin Artaud du théâtre.
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