Aurore rose propose un dialogue inédit entre les univers de Qin Han et Florian Mermin, où douceur et étrangeté s’entrelacent dans une logique onirique. L’exposition, pensée comme un rêve à deux, invite à une exploration des porosités entre l’organique et le symbolique, dans un équilibre troublant et sensuel.
Chez Qin Han, les corps flottent dans des espaces infinis, en apesanteur. Les figures féminines, stylisées et nues, évoquent un état primitif et harmonieux où les seins deviennent des nuages, les planètes des prolongements organiques. Dans ses collages et dessins, les teintes roses et rouges vibrent, insufflant aux formes une vitalité optimiste. Loin d’un réalisme descriptif, ses oeuvres célèbrent un rapport universel et instinctif au monde, où l’humain s’intègre à un tout cosmique.
En écho, Florian Mermin explore une nature empreinte d’ambivalence et de mystère. Ses sculptures, telles qu’Effleurement, où des mains griffues soutiennent des roses délicates, interrogent une sensualité ambivalente, à la fois tactile et olfactive. La nature, chez lui, se pare d’atours inquiétants et fascinants, oscillant entre attraction et répulsion. Par la présence des yeux, des griffes, des formes végétales et animales, il évoque une esthétique gothique où l’étrangeté côtoie le familier, rappelant l’imaginaire des récits fantastiques.
L’exposition elle-même se construit comme une ponctuation dans l’espace, les oeuvres venant rythmer l’expérience personnelle du spectateur. Dans les premières salles, les oeuvres dialoguent intimement : petites pièces de Qin Han et pétales céramiques de Florian Mermin s’observent, leurs formats se répondant dans une connivence délicate. La monumentalité du Pot-Pourri, avec ses épines piquantes, entre alors en résonance avec les collages roses et noirs, où le caractère serpentin des formes fait se rencontrer l’infiniment grand et l’infiniment petit, où le cellulaire et le cosmique fusionnent dans une continuité vibrante de la
chair.