MON INVITATION EST POUR
Hermionecl/CHRISTELLE QUI L'A DEMANDEE EN COMMENTAIRE
Avec Venezuela, la Batsheva Dance Company et Ohad Naharin retrouvent la scène de Chaillot le temps d’une grande fresque dansée. Un sommet de virtuosité.
Venezuela explore à la fois le contexte et l’interprétation. Basé sur la duplication, le spectacle présente deux version de la même chorégraphie. Dans chaque version, la distribution, la musique et la lumière changent, imprégnant les mêmes mouvements de différentes énergies qui poussent le public à lire la pièce de manière différente. À travers l’étude des possibilités, des excès, Naharin fait la demonstration des multiples champs que peut contenir un même geste s’il émanait d’un corps different. La pièce est parcourue de références politiques et culturelles : un chœur grégorien entonne une mélodie d’intense chagrin, les danseurs crachent au public le flow cru du rappeur Notorious B.I.G. et les drapeaux blancs devenus linceuls se gorgent de peinture et de résonnances politiques. Venezuela explore la réalité et le mouvement qui débordent mais sont aussi engloutis sous l’avalanche de significations, se precipitant vers le vide, de manière répétée et toujours en vain. Répétitives ou pleines de contradictions, elles soulignent à la fois la violence et la beauté, l’intensité dans l’absence de mouvement et l’élégance du mouvement chaotique.