livre un vaudeville sur la tension névrotique d’une quadragénaire en plein échec professionnel.
En marche vers le succès, le pas de Jeanne est métronomique. Patronne d’une start-up, cette ingénieure d’une quarantaine d’années est sur le point de lancer son projet Nausicaa, censé nettoyer les océans et sauver le monde. Les médias en parlent, l’invitent sur les plateaux TV, montrent les images 3D de son innovation, décrivent celle-ci comme révolutionnaire… Jeanne (Blanche Gardin) en est convaincue : comme Marie Curie, elle est la femme d’un siècle.
Le jour du lancement, rien ne se passe comme prévu… Pas évident de maintenir à flot la barque d’un conte de fées. Sa colonne submersible, dévoreuse de déchets, se désintègre quelques secondes après sa mise à l’eau. En un réflexe pavlovien, Jeanne plonge et nage quelques brasses vers le désastre. La vidéo fait le tour des réseaux sociaux et des chaînes YouTube. Pour échapper à la honte, elle part à Lisbonne et profite de ce drame pour en régler un autre : mettre en vente l’appartement de sa mère qui s’est suicidée un an plus tôt.
Des fantômes chevelus entrent par effraction dans les pensées de Jeanne pour tourner en dérision les grandes questions existentielles
Dans le paysage des vaudevilles du cinéma français, plein à craquer de querelles amoureuses et communautaires, Céline Devaux prend la tangente en proposant une comédie de la dépression. Venue du dessin animé (avec deux courts-métrages primés, Le Repas dominical et Gros chagrin), la réalisatrice injecte dans son premier long-métrage en prises de vues réelles, sélectionné à la Semaine de la critique à Cannes, de courtes séquences crayonnées qui décrivent aux petits oignons la tension névrotique de Jeanne, bien décidée à éviter tout progrès notoire pour sortir de son état.