Il est peut-être nécessaire de rappeler aujourd’hui à quel point, entre les années 1960 et 1990, et principalement dans les années 1970 et 1980, Roland Topor a été une figure dont la notoriété est nationale, et non limitée à la sphère culturelle.
À la télévision, Topor est un invité régulier, « bon client » des plateaux, à la réplique goguenarde et au rire tonitruant, et figure également à l’écriture de nombreuses séries télévisées populaires : l’émission parodique à sketches Merci Bernard (1982-84) puis Palace (1988-89), écrites et réalisées avec Jean-Michel Ribes, mais surtout Téléchat, 234 épisodes d’un journal télévisé pour enfants présenté par les marionnettes d’un chat et d’une autruche dialoguant avec des objets parlants, à partir de 1983[1]. Ces contributions télévisuelles ne sont toutefois pour Topor qu’une infime partie de son activité de dessinateur, d’écrivain, de metteur en scène mais aussi de comédien (pour des réalisateurs aussi variés que William Klein, Raul Ruiz, Werner Herzog ou Volker Schlöndorff).
Si Topor est une personnalité intégrée au spectacle médiatique, il s’inscrit également de plein droit dans l’histoire des avant-gardes parisiennes de l’après-guerre, dans le sillage du Surréalisme et dans les parages du Collège de ‘pataphysique. Tel est le paradoxe de sa carrière: à la fois « mainstream » et « underground », il ne s’inscrit pleinement dans aucune catégorie des « beaux-arts », ce qui explique sans doute sa position aujourd’hui marginale dans l’histoire de ceux-ci, mais touche à toutes ces catégories, et définit librement ses allées et venues entre celles-ci, avec des constantes : un humour féroce, une défiance ironique vis-à-vis des conventions esthétiques dominantes, et un souci de s’adresser à un public au-delà des cercles établis de la bien-pensance légitimante.
C’est le hasard d’une première publication qui inscrit Topor dans la sphère surréaliste. L’éditeur Jean-Jacques Pauvert, qui publie Sade et Bataille, et réédite L’Anthologie de l’humour noir de Breton, choisit un dessin de Topor pour la couverture du n°9 de sa revue Bizarre en 1958[2]. Alors qu’il est encore étudiant aux Beaux-Arts de Paris, Topor se trouve au contact des Surréalistes, dont il témoigne en ces termes : « Il ne fallait pas éternuer quand Breton prophétisait, les conneries étaient sévèrement punies ; on n’avait pas le droit de choisir ses amis. »[3] Son goût est plutôt à chercher auprès du Surréalisme belge, entre la subversion sarcastique et obscène d’un Marcel Mariën et le « conformisme tactique » de René Magritte. L’une des premières commandes passées à Topor sera d’ailleurs la couverture d’un ouvrage de l’écrivain André Blavier, futur spécialiste des « fous littéraires » : De quelques inventions belges utiles et tolérables, en 1960.
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