L’exposition "Le Bal des Folles" s’inscrit dans un dialogue entre histoire, mémoire et subversion. Elle fait suite à l’exposition "La Pluie italienne", réalisée en collaboration avec le centre d'art le LAIT à Albi, où Romuald Jandolo s’est plongé dans l’univers de Toulouse-Lautrec. Par une ellipse temporelle, l'artiste convoque la rencontre de deux univers parallèles : celui des femmes internées à la Pitié-Salpêtrière à la fin du XIXe siècle, considérées comme des « folles » par une société patriarcale et médicale, et celui du théâtre absurde et provocateur du dramaturge argentin Copi (1939-1987). L'auteur dépeint dans Le Bal des Folles, les péripéties hallucinantes d'une bande de "travestis" hilarants et monstrueux qui transforment la folie en acte de rébellion surréaliste contre les normes sociales.
Le premier univers, celui des bals de la Salpêtrière, révèle une dimension tragique et voyeuriste : chaque année ces femmes étaient exhibées lors du Mardi Gras à la bourgeoisie parisienne. On ne sortait jamais de cet hôpital, sauf exception déclarée à l'époque par le docteur Charcot, fondateur de la neurologie moderne. Les stimulations électriques, les bains glacés et autres tortures « thérapeutiques » contrastent fortement avec cet échappatoire carnavalesque dans le quotidien de ces patientes. En toile de fond de cette exposition se trouve la figure de Jane Avril, danseuse emblématique du Moulin Rouge et ancienne internée. Muse et amie de Toulouse-Lautrec, elle incarne à la fois la femme libre et rescapée, celle qui, à travers ses danses inspirées des convulsions des épileptiques, s’est affranchie de sa condition. Son image, associée à l’esthétique de La Belle époque, infuse l’exposition d’une atmosphère surréaliste, où les corps en suspension évoquent sa quête d’émancipation.