Rencontres du 7e art

"TÁR"
un film de Todd Field (2023)

GQ 

"Tár est un film impitoyable, salement incommode mais heureusement exigeant. De cette exigence que l’on a vu disparaître dans le cinéma d’auteur américain, égaré en postures morales et manichéisme facile, et qu’il faudrait davantage chérir."

Positif 

"Le portrait de cette chef d’orchestre, maestra assoluta dans un monde d’hommes, est l’occasion d’une fable politique à la fois éternelle et terriblement actuelle, en même temps que la fascinante description d’un milieu fermé. [Une] éclatante réussite [...]."

Le Figaro

"En chef d’orchestre au sommet de sa gloire, Cate Blanchett frôle le génie. Et contribue à faire de ce film sur l’abus de pouvoir un chef-d’œuvre."

Après la projection du film, pour ceux qui le désireront, il sera possible de participer à un echange autour de l'oeuvre, animé par Daniel Ramirez.

Présentation de la séance :
"Il y a des objets célestes que par un excès de masse concentrée développent tellement de force gravitationnelle, qu'ils absorbent tout ce qui les approche, même la lumière; on les appelle des « trous noirs ». Il y a aussi peut-être des personnes qui ont un effet semblable dans le monde humain. Trop fortes, trop belles, trop talentueuses, trop intelligentes. Et qui possèdent quelque chose de plus, qu’on appelle le « charisme » (de ‘Khâris’, la grâce). Des problèmes apparaissent quand ces êtres évoluent dans un milieu compétitif, dans une société où le succès et le pouvoir sont les valeurs centrales. C’est alors que Kâris peut devenir ‘Hubris’, mot grec pour la démesure. Il y a peut-être des génies qui ne sont pas faits pour ce monde, ou le monde qui les entoure est trop fragile. Ainsi, tous ceux qui les approchent laissent des plumes, parfois la santé et même la vie est en danger. Le personnage de cette histoire est trop rayonnant et cela devient presque radioactif. L’actrice qui l’incarne est peut-être un peu comme ça aussi, car rarement on a vu une « performance » si forte et radicale. De façon latérale mais non moins intéressante, des questions qui portent sur le « wokisme » ou la « cancel culture » sont abordées, avec l’astuce d’avoir mis un personnage féminin dans la position centrale. Que ce soit dans le monde de la musique, ne fait qu’augmenter le plaisir. Avec un subtil clin d’œil à Mort à Vénice : il est question ici de préparer, comme le climax de sa carrière un concert avec la 5è symphonie de Gustav Mahler. Le début du son premier mouvement (en non pas seulement quant il s’agit du célèbre « adagietto ») avec un solo de trompette et puis le tutti de l’orchestre est un pur moment de cinéma, avec son explosion, où on entend aussi le fameux rythme de trois notes rapides et une longue qui fait le célèbre début de la 5è de Beethoven. Mahler était hanté par la figure de ce maître et l’ouverture de cette symphonie est à la hauteur du défi qui s’était donné, on entend aussi bien que chez Beethoven, peut-être, les coups du destin qui frappe à la porte comme le dit le lieu commun. Le destin qui bientôt rattrape à l’héroïne, qui commence une troublante désintégration. Ce qui est trop fort s’autodétruit, selon une pensée de Hegel. Ou alors on peut penser aux anges (« terribles ») de Rilke.

Beaucoup ont déjà vu ce grand film, mais il est idéal pour une grande séance de ciné-philo."

Après le débat, nous pourrons nous retrouver autour d'un café pour échanger et faire plus ample connaissance.

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Le  débat est compris dans le prix de la place de cinéma : 9 €

*un mot sur Daniel Ramirez :
A fait ses études de philosophie à Santiago du Chili, tout en menant parallèlement des études de musique. En 1984 il fini ses études de philosophie sur “ Nietzsche et l’art ”. A Paris, il fait un D.E.A. en philosophie de l’art à l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), puis un doctorat en philosophie morale et politique avec une thèse intitulée « IDENTITE CULTURELLE ET DIMENSION ETHIQUE, une réflexion à partir de la pensée de Charles Taylor ». Il fini aussi ses études de musique à l’Ecole Normale de Musique de Paris et développe une carrière de concertiste. Il est auteur d’un volume de poésie, édité au Chili et des nombreux articles de théorie de l’art, ainsi que des conférences sur l’esthétiques et critique de la culture, tant en France comme en Amérique Latine.

Depuis 20 ans, il participe dans la mouvance des “cafés philosophiques” en France, assurant l’animation au premier de ceux-ci en France, invité par Marc Sautet, le fondateur de cette activité. Il a animé des multiples débats avec la présence des philosophes et penseurs, comme Paul Virilio, Albert Jacquard, Christian Godin, Albert Kahn, Miguel Benasayag, Jean-Pierre Dupuis, Bertrand Vergely et Edgar Morin.

Il est le créateur du concept ciné-philo (travail philosophique à partir des films), animateur et programmateur de cette activité au cinéma L’Entrepôt à Paris, depuis 1997. Ses intérêts philosophiques couvrent l’histoire de la pensée, depuis la Bible et les sagesses anciennes jusqu’à la phénoménologie et la philosophie morale et politique contemporaine, avec le souci de rendre accessible ces problématiques au public non-spécialiste et d’élargir les “ usages ” de la philosophie hors de ses domaines habituels.