L’exposition Sculpture Nails à Thaddaeus Ropac Paris Marais retrace la profonde contribution de Sylvie Fleury à la compréhension du médium sculptural. Au rez-de-chaussée de la galerie, l’artiste suisse présente une sélection de sculptures – à la fois des pièces historiques et des œuvres inédites présentées ici – couvrant sa carrière de plus de 30 ans. Au premier étage, les visiteurs découvriront un espace immersif éclairé uniquement par la lueur des célèbres œuvres au néon de l’artiste.
Les sculptures de toutes typologies, matériaux et formats du rez-de-chaussée de la galerie sont réunies sans hiérarchie ni chronologie dans un esprit d’abondance et de générosité. La présentation constitue ce que Fleury décrit comme sa réinterprétation de la galerie de sculpture institutionnelle traditionnelle. En s’engageant dans cette manière établie d’exposer la sculpture, l’artiste transforme les produits et les marques de luxe – qu’ils soient ready-made ou sculptés en bronze, en laiton ou en fibre de verre – en les incluant dans celle-ci, suscitant des questions sur leur fétichisation, leur valorisation et leur consommation. Des piles de magazines et d’emballages de maquillage, des paires de chaussures Alaïa moulées en bronze, une barrette à cheveux abstraite de trois mètres de large et une sélection d’œuvres Mushroom de l’artiste forment un vaste aperçu du vocabulaire sculptural de l’artiste au fil des ans.
Utilisant des matériaux et des procédés associés au conceptualisme, au minimalisme et même à l’Arte Povera, les sculptures présentées dans l’exposition s’inspirent non seulement de la culture populaire et de consommation, mais aussi de l’histoire de l’art. Les références « tendrement irrévérencieuses » de Fleury au canon artistique – souvent masculin – deviennent des terrains de jeu créatifs, où elle explore la manière dont leurs stratégies peuvent se rapporter aux questions centrales de sa pratique et les reformuler. Tandis qu’un tapis de yoga de 2001-2, coulé en bronze avec le motif signature de Gucci en relief sur sa surface, encourage la comparaison formelle avec les sculptures au sol de Carl Andre, le diptyque monumental Sans titre - (Pistoletto)/Beauty Case) (2024), exposé ici pour la première fois, fait un clin d’œil aux Mirror Paintings de l’artiste italien Michelangelo Pistoletto.
En combinant un sol en miroir avec des images de sa première œuvre vidéo Beauty Case (1995), l’hommage de Fleury à Pistoletto renvoie aux sculptures environnantes, ainsi qu’au spectateur, les faisant dialoguer avec l’œuvre elle-même et incarnant le sentiment omniprésent dans l’exposition selon lequel les dialogues et les juxtapositions peuvent créer de nouvelles significations et des connexions surprenantes. L’image fixe de Beauty Case montre Fleury, dos au spectateur, vêtue d’une robe et de talons hauts, luttant pour mettre sa trousse de beauté dans le coffre de sa Buick Skylark de 1967. Depuis le début des années 1990, la Buick est un motif récurrent dans l’œuvre de Fleury, auquel elle revient régulièrement, jetant un regard ironique sur sa conception comme symbole de masculinité.