On connaît Sylvain Polony, peintre, pour ses compositions abstraites sur PVC, au white
spirit et au spray. De ces travaux réalisés sans crayon ni pinceau, le panneau de PVC utilisé
par l’artiste comme support posé au sol, travaillé à plat par passages successifs de matière
déversée ou pulsée à la bombe, on retiendra les troublants jeux de couleurs, de
profondeur et de réseaux de formes imbriquées qui font leur signature– tout un monde
mystérieux et inspirant, univers à explorer du regard où la forme s’expose sans rien
dissimuler du processus qui la fait advenir : protocole intangible, geste méthodique et
répétition gestuelle, reprises, recouvrements calculés ou au contraire plus aléatoires…
Ainsi pratiquée, la peinture vaut tout à la fois comme quête sensible, sur un mode
expressionniste, et comme hommage aux pratiques modernes, non conventionnelles, de création
Or voici que les travaux picturaux que présente ici Sylvain Polony rebattent
singulièrement les cartes. Changement notoire ! On y retrouve, certes, le fond de couleurs
abstrait qui d’ordinaire les distingue. Y apparaissent cependant, fondus en celui-ci, formes
dessinées et tracés, cette fois, figuratifs. Ces derniers sont noirs, plutôt épais. Ils dessinent
sur le PVC, le plus souvent de dominante sombre, les cernes de corps humains nus,
féminins ou masculins, ou de branches d'arbre. Humanité plus nature, donc, l’un à l’autre
appareillés. L’artiste ne « remplit » pas, il dessine la seule ligne des branches et de la
silhouette des corps. Ces corps humains et ces branches d’arbre figurés, fréquemment,
s’enchevêtrent en un même écheveau de lignes. L’effet produit est celui d’une fusion,
d’une superposition, d’une continuité, qui laissent à penser. L’humain, son environnement
naturel : serait-ce là le même monde, un même écosystème ? Un ensemble unitaire, une
complémentarité de destin ? À ces questions, un écologue répondra par la positive.
L’humain sans environnement est tout bonnement inconcevable, l’humain est la nature
aussi, à l’instar de la végétation, sur un mode qui connote l’égalité de statut biologique, et
qui ignore toute hiérarchie. Mêler les deux, les unir, fédérer leur substance comme l
.