L’exposition Désordres réunit cinq peintres contemporains venus de trois horizons
géographiques, pour qui la peinture figurative, plus qu’un reflêt du monde, est un outil de
distorsion de la réalité. Rassurante au premier abord - on reconnaît les formes, les scènes,
les paysages - la peinture, grinçante, ironique ou inquiétante se mue rapidement en un
terrain glissant fait d’ambiguïté et d’incertitudes.
La peinture prodige et généreuse de Louis Barbe, si elle est attachée à une réalité crue -
parfois poussée jusqu’à la caricature, s’autorise une liberté absolue dans les rapports
d’échelles ou le choix des sujets, guidée par la matière elle même. La folie douce de son
univers foisonnant nous bouscule et se délecte de ce qui dérange...
Sasha Brodsky, lui, compose des scènes en suspends, aux cadrages presque
cinématographiques. Dans la tension qu’il met entre l’utilisation du pastel et de la
peinture, comme dans l’approche graphique de la surface, quelque chose est en train de
se jouer qui contrarie l’ordre établi et brouille nos repères spatiaux-temporaires...
Le travail de Félix Deschamps Mak s’enracine dans le théâtre, le jeu et l’artifice. Lumières
artificielles, absence de décor, personnages masqués ou ouvertement en représentation,
frontalité troublante. La scène devient miroir : sommes-nous spectateurs ou acteurs de
cette mascarade ?
La série de chevaux de Harout n’a rien de la peinture équestre classique. Entamée il y a
une vingtaine d’années et régulièrement alimentée depuis lors, elle fait jaillir avec une
force inouïe les pulsions absurdes et brutales d’une humanité en crise, notamment en
Arménie où vit l’artiste.
Enfin, l’iranien Mehdi Sharafi puise dans les foules, les cérémonies et les événements
collectifs la matière de ses visions troublées. Le moi et l’autre se distordent, s’enchevêtrent
et se fondent dans une mêlée déroutante, où l’identité – individuelle ou collective – se
brouille, s’étire, se recompose sans fin.
Dans un monde saturé d’images lisses, l’exposition Désordres revendique l’incertitude du
regard. La peinture y devient lieu de friction et d’éclat, une faille dans l’évidence, une
dérive volontaire. Une invitation à perdre pied - pour mieux voir.
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