Le Musée d’Orsay à Paris accueille jusqu’au 13 février 2022 une exposition exceptionnelle consacrée à la collection personnelle du peintre Paul Signac. C’est plus de cent cinquante toiles que le public aura la chance de découvrir. Parmi elles se cachent les plus grands noms de l’Histoire de la peinture du XXe siècle : Matisse, Pissaro, Seurat… Préparez-vous à voyager dans le monde poétique et coloré d’un Paul Signac passionné.
Nous connaissons du peintre Paul Signac, son œuvre colorée, ses toiles parsemées de petites touches juxtaposées, cet univers onirique dans lequel nous aimons nous perdre le temps d’un instant. Cependant, derrière l’artiste se cache le collectionneur, l’homme passionné conquis par de nombreuses aspirations artistiques qui guidèrent son œuvre tout au long de sa carrière de peintre.
« Collectionner » chez Paul Signac, c’est avant tout être inspiré par une nature en perpétuelle évolution, par une avant-garde qui ne cesse d’innover et d’exprimer à travers l’art une nouvelle vision de la société. C’est ainsi que le Musée d’Orsay choisit de présenter Paul Signac en fervent défenseur de l’art, en collectionneur, à l’aide des cent cinquante-trois œuvres exposées. L’exposition transforme le spectateur en un acteur du renouvellement de la peinture de la fin du XIXe siècle, à travers le regard de Paul Signac.
Paul Signac « collectionneur » c’est aussi l’histoire d’un héritage familial lui ayant permis, dès l’année 1884, de constituer sa collection personnelle. De la chance d’être issu d’une famille de commerçants aisés, il montra très tôt un grand intérêt pour le marché de l’art, en témoigne son premier achat contemporain à l’âge de vingt ans : La plaine de Saint-Ouen-l’Aumône de Paul Cézanne. Le Musée d’Orsay retrace ainsi l’incroyable épopée artistique de Paul Signac, son engagement face à la scène artistique de son temps et l’importance du collectionnisme à travers l’Histoire des arts.
Plus de quatre cents œuvres sont recensées dans la collection de Paul Signac. Les toiles ont joué un rôle essentiel pour l’évolution stylistique du peintre qui, au-delà de l’appréciation esthétique de ces dernières, sut en faire un moyen d’étude quotidien et donc une réelle formation artistique personnelle. L’exposition retrace, sans surprise, les choix de Paul Signac en terme d’acquisitions et révèle une prédominance de toiles impressionnistes et néo-impressionnistes.
Le spectateur ne peut être qu’ébloui par la multitude de couleurs et de paysages lumineux que l’héritage Signac donne à découvrir. Pissaro, Seurat, Matisse sont au rendez-vous. Ils illustrent parfaitement l’évolution artistique qui s’était opérée à la fin du XIXe siècle et auquel contribua Paul Signac. Les canons académiques, encore fortement appréciés au sein des Salons, se libérèrent quelque peu sous le pinceau d’artistes militants et engagés. Paul Signac participera en effet, lors de l’année 1884, au premier Salon des Artistes indépendants. L’exposition illustre cette étape décisive de sa carrière artistique où il ira jusqu’à devenir en 1908, président de la Société des artistes indépendants. Sa collection personnelle témoigne de cette implication et de cette pensée militante auprès de jeunes artistes talentueux dont la touche méritait d’être davantage célébrée et exposée. Ainsi, Paul Signac n’eut pas qu’un rôle de collectionneur, sa curiosité artistique l’entraîna au-delà et fit de lui un « passeur », un « guide » en exposant de nouveaux talents.
Nous sommes marqués au cours de l’exposition par une vivacité chromatique, une intense lumière et un langage pictural nouveau célébrant la modernité. Les formes prennent vie grâce à un subtil effet optique dû à une application de petites touches régulières de couleurs pures juxtaposées sur la toile. Le sujet de l’œuvre ne se révèle qu’une fois après s’être éloigné de la toile.
La plupart des artistes collectionnés par Paul Signac adoptèrent ce procédé, dit « pointillisme », élaboré par le peintre en compagnie de son ami Georges Seurat. En quête d’un langage novateur, la couleur devient aux yeux des peintres, l’unique moyen d’évoquer la vie moderne qui les entoure. Paul Signac sera d’ailleurs, après la disparition de son ami Georges Seurat, l’un des principaux « passeurs » du néo-impressionnisme au fauvisme.
L’exposition du Musée d’Orsay révèle, à travers cet évènement incontournable, le rôle majeur que le collectionnisme au début du XXe siècle put jouer. Cette exposition est avant tout le moyen de comprendre l’évolution de l’Histoire des arts à travers l’œil d’un homme hors du commun, passionné et avant-gardiste. Vous avez l’occasion de vous plonger dans l’univers Signac jusqu’au 13 février 2022 !