SHIORI EDA WAITING FOR A CATASTROPHE

Dans son dernier corpus d’œuvres, Shiori Eda explore les complexités des « affirmations absolues ». Elle suggère que la véritable compréhension serait insaisissable, car de nombreux phénomènes additionnels et fluides seraient à prendre en compte. Ces phénomènes selon l’artiste se chevauchent et manquent de frontières nettes, à l’image des nuages ou du brouillard. Cette fluidité remet en question la notion d’assertions définitives, souvent incapables de saisir l’essence des choses.

 

Shiori établit un parallèle entre ce concept et la création artistique. Selon elle, faire des affirmations définitives sur l’art peut en limiter le potentiel. De même que la pensée scientifique bénéficie des perspectives culturelles, et vice versa, comprendre l’art requiert une reconnaissance de leur interdépendance. Identifier la cause et l’effet en art est complexe, et les déclarations rigides peuvent s’éloigner de l’essence véritable.

 

L’artiste japonaise s’intéresse également au concept de « destruction », un terme exploré en philosophie et en art. La théorie de la destruction créative chez Nietzsche affirme que la déconstruction des valeurs traditionnelles est nécessaire pour faire émerger de nouvelles valeurs. De même, la dialectique de Hegel montre que la confrontation entre contradictions mène à une transformation ou à un développement supérieur. Dans le domaine artistique, le « Ready-made » de Marcel Duchamp détruit les concepts établis en déplaçant les objets quotidiens de leur contexte utilitaire vers une dimension artistique. Shiori examine donc également l’idée que la destruction pourrait être plus impactante que des ajustements minutieux, conduisant à des développements significatifs et des changements plus profonds.

 

En suivant ce fil de conducteur, dans cette nouvelle exposition, Shiori Eda visualise des débuts et des fins hypothétiques dans le contexte du Japon, son pays natal. Cette exploration constitue une méthode traditionnelle de décomposition et d’analyse du monde. Le temps qu’elle a passé loin du Japon—ayant vécu en France pendant huit ans—lui a permis d’acquérir de nouvelles perspectives.