Sylvie FleurySculpture Nails

L’exposition Sculpture Nails à Thaddaeus Ropac Paris Marais retrace la profonde contribution de Sylvie Fleury à la compréhension du médium sculptural. Au rez-de-chaussée de la galerie, l’artiste suisse présente une sélection de sculptures – à la fois des pièces historiques et des œuvres inédites présentées ici – couvrant plus de 30 ans de sa carrière. Au premier étage, les visiteurs découvriront un espace immersif éclairé uniquement par la lueur des célèbres œuvres au néon de l’artiste.

Les sculptures de toutes typologies, matériaux et formats dans l’espace du rez-de-chaussée de la galerie sont réunies sans hiérarchie ni chronologie dans un esprit d’abondance et de générosité. La présentation constitue ce que Fleury décrit comme sa réinterprétation de la galerie de sculpture institutionnelle traditionnelle. En s’engageant dans cette manière établie d’exposer la sculpture, l’artiste transforme les produits et les marques de luxe en les incluant dans celle-ci, suscitant des questions sur leur fétichisation, leur valorisation et leur consommation.

Certaines œuvres sont des ready-made, d’autres sont sculptées dans du bronze, du laiton ou de la fibre de verre : certaines sont fidèles à leur taille d’origine, d’autres encore jouent avec l’échelle, nous incitant à regarder ces objets d’un œil nouveau. Comme elle l’explique : « C’est le choix, c’est la décision, et c’est ce qui fait l’œuvre ce qu’elle est. » Une barrette à cheveux de trois mètres de large devient presque abstraite par son échelle monumentale. Un sac Celine et des paires de chaussures Alaïa vides coulées en bronze, ainsi que l’empilement d’emballages de maquillage de l’œuvre de jeunesse Coco (1991), créent « le sentiment qu’il y a eu une présence et que peut-être elle n’est plus là, qu’elle s’amuse ailleurs. »

Employant des matériaux et des procédés associés au conceptualisme, au minimalisme et même à l’arte povera, les sculptures présentées dans l’exposition s’inspirent non seulement de la culture populaire et de consommation, mais aussi de l’histoire de l’art. Les références « tendrement irrévérencieuses » de Fleury au canon artistique – souvent masculin – deviennent des terrains de jeu créatifs, où elle explore la manière dont leurs stratégies peuvent se rapporter aux questions centrales de sa pratique et les reformuler. Alors qu’un tapis de yoga de 2001-2, coulé en bronze avec le motif signature de Gucci en relief sur sa surface, encourage la comparaison formelle avec les sculptures au sol de Carl Andre, le diptyque monumental Vanity Case (2024), exposé ici pour la première fois, fait un clin d’œil aux Mirror Paintings de l’artiste italien Michelangelo Pistoletto.