« Ma jeunesse a commencé à soixante ans ». Il faut prendre au sérieux cette déclaration de Roger Bissière, né en 1886. De fait, pendant la guerre, l’homme cesse de peindre, s’installe dans son pays natal – le Lot – et se lance dans l’agriculture. Pour autant, quand vers 1945 Bissière reprend son activité artistique, plus que d’un retour à la peinture, c’est d’un retour sur la peinture qu’il faut parler. A priori, un monde sépare sa production d’avant-guerre de celle que l’on voit exposée ici. Mais quel est le trajet de Bissière ? Formé aux Beaux-Arts de Bordeaux et de Paris, le peintre « monte » à Paris en 1911 et, par nécessité, il pratique le journalisme et la critique d’art à L’Esprit Nouveau, la revue d’Ozenfant et de Jeanneret.
Ses œuvres, figuratives, essentiellement des figures féminines, prennent des accents post-cubistes à la faveur de son amitié avec Braque (Femme au filet, toute en plans et facettes, 1936). Devenu professeur à l’Académie Ranson (1925-1938), il exerce une forte influence sur de jeunes peintres dont certains participeront par la suite à ce groupe informel baptisé la Nouvelle École de Paris - Alfred Manessier, Vieira da Silva.