ARNAUD ROCHARD
PB PROJECT: LA MER DES HYSTOIRES
La végétation est luxuriante et elle dissout presque les plans. L’impression de profondeur vient des ombres colorées. Dans des formats verticaux comme La mer des Hystoires, Arnaud Rochard évoque le travail du papier dominoté et ses panoramas, les débuts du papier peint au XVIIIe siècle. Le paysage s’étend comme un motif et c’est là que réside toute l’ambiguïté de l’œuvre de l’artiste. A bien y regarder, on discerne le détail d’une plante comme sortie d’une planche botanique qui jouxte la silhouette d’un arbre, un chevalier perdu dans une forêt de lianes. La juxtaposition et le jeu d’échelles créent une désorientation visuelle entre les genres. L’artiste en employant des techniques associées aux multiples,comme la linogravure, qu’il détourne dans une complexe superposition de couches, parvient à des images uniques. Il épuise littéralement le motif et en fait son sujet principal comme dans le papier peint édité avec la marque Antoinette Poisson où la figure d’un cavalier se répète jusqu’à saturation. Quelles sont ces images qui restent après avoir habillé les murs, les tapisseries, les esprits de tant d’époques ? Sa connaissance de l’histoire des arts décoratifs, lui permet de déployer une démarche picturale qui sort de ce cadre et s’affirme pour elle-même, avec ce qu’elle comporte de secret et d’invisible.
MARION CHARLET
GOURMANDES VANITÉS
Pour son nouveau solo show chez PARIS-B, Marion Charlet présente un ensemble de nouvelles peintures accompagné de céramiques. Si l’on retrouve les thèmes de l’intérieur et de la nature morte, chers à l’artiste, ceux-ci ressurgissent ici sous le signe de la fête et de l’amour, teintés d’un humour délicieusement mordant et décalé. Le ton festif est donné par la couleur bien sûr, à dominante rose, jaune, vert, bleu : palette ici édulcorée là acide, aux couleurs fluos assez pop. Mais aussi par les motifs qui prolifèrent à la surface, s’offrant au regard par des zooms plongeant sur des dessus de tables. Tout un monde de cotillons, de bulles et de paillettes, un bal tournoyant de fleurs, de donuts, de fraises et de crème glacée aussi séduisant que la danse écarlate des cœurs et des rouges à lèvres, des baisers et autres Superchéris. Gourmandes ces nouvelles œuvres ? Oui sans aucun doute. Avec un arrière-goût piquant cependant dans le fond de la gorge. Comme un réveil douloureux après le grand bal. Une sensation de vide dans le ventre, au royaume du plein les yeux.