artık kimseyi sevmek istemiyorum
Sur la liste des « films qu’il faut avoir vus », Rashômon (1950) occupe une place à part. Celle d’une œuvre que l’on connaît parfois sans même l’avoir vue, car devenue matricielle – on lit ainsi sous la plume des critiques qu’un long métrage fonctionne « à la Rashômon » –, telle une pierre angulaire qui n’en finirait pas de ricocher. Un exemple récent ? Le Dernier Duel, de Ridley Scott, sorti en 2021 et bâti sur le principe narratif inauguré sept décennies plus tôt par Akira Kurosawa : un crime, un procès, et des témoins dont les vérités irréconciliables, livrées en flash-back, rebattent les cartes d’un récit éclaté...
Avec Toshirō Mifune, Machiko Kyō, Masayuki Mori.
Au XVe siècle, un bandit reconnaît avoir tué un samouraï. La femme du défunt s'accuse du meurtre et un bûcheron contredit ces deux affirmations. L'esprit du samouraï déclare, quant à lui, qu'il s'est tout simplement suicidé. Où est la vérité ?
Avis unanime : Rashōmon est bien évidemment un chef-d'œuvre, LA révélation de la Biennale de Venise où le film obtient le Lion d'Or en 1951. Tel un « aérolithe tombé d'une autre planète », comme l'a reçu Jean-Louis Tallenay de Radio Cinéma Télévision, il frappe par son universalisme mais aussi par sa nouveauté formelle et dramatique, faisant figure de « révélation esthétique et philosophique » selon André Bazin.
Kurosawa fait montre d'une « sobriété austère et belle », admire Henri Pevel dans L'École Libératrice. De fait, l'œuvre, plastiquement exceptionnelle, touche par son extrême modernisme et son dépouillement, par le « style poétique et tragique de la mise en scène ». Sa lenteur est voulue, calculée, d'une grande poésie et au service de ce récit en quatre temps. La critique évoque ainsi Pirandello, mais admet aussi que « la construction rappelle certains films de Welles, ou Eisenstein et ses conceptions de l'image » (André Bazin). Kurosawa s'appuie avec intelligence sur Toshirō Mifune et Machiko Kyo, deux des plus fameux acteurs japonais, dont le jeu, aux limites du Nō, est « à l'opposé du flegme que nous prêtons aux Orientaux » (Radio Cinéma Télévision).
À travers Rashōmon, on peut déjà découvrir l'univers profondément humain de Kurosawa, la thématique qui lui est chère, celle de la double vision de l'homme infime et infini et son interrogation sur l'humanité. « C'est une magistrale étude de caractères qui nous est présentée. Rarement un film a eu des notations humaines aussi aigues », apprécie Henri Pevel. L'impact de Rashōmon est donc considérable, comme l'explique Bazin : « C'est le retentissement de ce film qui a ouvert le marché international au cinéma japonais qui, jusque là, malgré une production quantitativement très importante, se limitait à une exploitation intérieure ».
Hélène Lacolomberie est rédactrice web à la Cinémathèque française.
Celui qui finira, en grande partie grâce au soutien des amateurs de cinéma du monde entier –au premier rang desquels se porteront un jour Martin Scorsese et Francis Coppola–, par occuper un des tout premiers rangs dans l'admiration mondiale, s'inspirera en effet de grandes références occidentales (L'Idiot d'après Dostoïevski, Le Château de l'araignée et Ran en partie d'après Shakespeare, Les Bas-Fonds d'après Gorki) et empruntera autant qu'il le jugera souhaitable aux codes du cinéma de genre américain.
Aussi bien certains de ses films donneront lieu à des remakes américains (Les Sept Samouraïs devenu Les Sept Mercenaires de John Sturges, et Rashōmon devenu L'Outrage de Martin Ritt) ou italo-américain (Le Garde du corps, copié sans vergogne par Sergio Leone avec Pour une poignée de dollars).
Kurosawa n'a jamais fait mystère de sa passion pour les grands films américains et européens. Mais il aura aussi raconté avec ses films, de manière précise et sensible, des vastes pans de l'histoire et de la culture japonaise à différentes époques et dans de multiples contextes, y compris les arts martiaux et leur philosophie.
Un paysan vient s’abriter d’une pluie torrentielle sous une vieille porte délabrée où se sèchent déjà un bûcheron et un prêtre. Ces derniers semblent ne rien comprendre à une affaire à laquelle ils ont été mêlés bien malgré eux. Un samouraï aurait été assassiné et sa femme violée ; quatre témoins du drame, dont le prêtre et le bûcheron, vont donner leurs versions des faits, toutes contradictoires…
Kyoto, au XIe siècle. Trois hommes, un bonze, un bûcheron et un domestique, surpris par une pluie diluvienne, se mettent à l'abri sous les ruines d'un vieux portique, Rashōmon. Pour se distraire, ils évoquent un procès au cours duquel ils ont été cités comme témoins. Le bûcheron a découvert dans la forêt le cadavre du samouraï Takehiro qui, voyageant avec son épouse Masako, avait été attaqué par le bandit Tajômaru et lié à un arbre. Après avoir violé sa femme, le bandit libéra le samouraï et le tua en duel. La femme de la victime, toutefois, racontait une tout autre version du drame...
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Un unique événement raconté selon différents points de vue racontés en flashbacks. Un procédé novateur pour l'époque, qui permet à Kurosawa de s'interroger sur la perception du réel et la notion de subjectivité. Lion d'Or au festival de Venise, le film ouvre les portes de l'Occident au cinéma japonais. Œuvre charnière d'une immense valeur historique.