Depuis 2020, Photo Days donne chaque année carte blanche à un artiste pour une création inédite dans la Rotonde Balzac. Pour l’édition 2025, c’est Paolo Ventura qui s’est lancé dans une recherche autour du célèbre écrivain.

Avec Promenades de nuit, l’artiste italien imagine une série inspirée de la vie de l’auteur dans Paris. Présentée dans ce lieu à la fois intime et historique, son œuvre fait dialoguer fiction, mémoire et architecture, dans une mise en scène délicatement fantastique.

Fidèle à sa méthode, Paolo Ventura commence par écrire des histoires. Ses images, entre rêve et réalité, réinventent un Paris mélancolique et intemporel – un Paris de ruelles désertes, de silhouettes croisées sous les lampadaires. Les scènes de Promenades de nuit évoquent une ville traversée par la solitude, la nostalgie et l’étrange. Elles entrent en résonance avec l’imaginaire balzacien, habité lui aussi de figures secrètes, de vies complexes, de récits en clair-obscur.

Exposée dans les murs de la Rotonde Balzac – joyau classé des jardins de l’Hôtel Salomon de Rothschild – cette série donne une nouvelle vie à un lieu préservé, pensé comme un hommage à la littérature et ouvert par la Fondation des Artistes à la création contemporaine. Ici, le décor devient scène, et la photographie, roman visuel.

Fils d’un illustrateur, l’enfance de Paolo Ventura (né en 1968 à Milan) a été bercée par les croquis et les histoires de son père. Cet émerveillement et cette passion enfantine imprègnent toujours son travail de mise en scène narrative où l’on retrouve régulièrement des images d’artistes de rue, de théâtres et de cinémas, qui ne sont pas sans évoquer certaines compositions des tableaux de Toulouse-Lautrec.

Son procédé débute par l’invention d’une histoire. Il en esquisse d’abord un premier jet sur papier, puis construit un ensemble miniature en trois dimensions qu’il capture avec son appareil photo. Les scènes de Paolo Ventura sont teintés de nostalgie et évoquent des instants quotidiens du passé de l’Italie –les murs délavés des immeubles en stucco, les rues pavées– mais possèdent toutes un élément du domaine de l’étrange ou du fantastique qui font écho à son enfance : une imagination débordante pour celui qui pense que le monde réel semble toujours un peu trop gris.