Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénêtrant

D'une femme inconnue et que j'aime et qui m'aime,

Et qui n'est chaque fois, ni tout à fait la même

Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Sur l'homme:

"Je suis sûr de moi. L'homme est un mystère. Il faut l'élucider et si tu passes ta vie entière à cela, ne dis pas que tu as perdu ton temps; je m'occupe du mystère car je veux être un homme" 

"Si un homme osait jamais traduire tout ce qui est vraiment son expérience, ce qui est vraiment sa vérité, je crois alors que le monde s'en irait en pièces, qu'il sauterait en mille miettes, et aucun Dieu, aucun accident, aucune volonté ne pourraient jamais rassembler les morceaux, les éléments indestructibles qui ont servi à faire le monde."

"Si nous nous admettions nous-même aussi complétement que nous admettons l'oeuvre d'art, l'univers entier de l'art périrait de carence alimentaire."

Pêle-mêle:

Le bonheur n'est pas le résultat au bout du chemin mais le chemin lui-même.

Tout ce que tu feras sera dérisoire mais il est essentiel que tu le fasses.

On ne va jamais aussi loin que lorsque l'on ne sait pas où l'on va.

Il y a une fissure en toute chose, c'est par là qu'entre la lumière.

La facade de la maison n'appartient jamais à celui qui la possède mais à celui qui la regarde.

Vivre tout simplement pour que tous puissent simplement vivre.

Vivre, c'est ce qui passe avant tout.

Vivre dans chaque racine, chaque branche de son être.

Dans tout coupable il y a une part d'innocence.

Il faut beaucoup d'années pour devenir jeune.

Les vrais livres doivent être les enfants non du grand jour et de la causerie mais de l'obscurité et du silence.

Amusez-vous maintenant à reconstituer le puzzle: Proust, Cohen, Gandhi, Picasso, Camus, Lao tseu, Cromwell, et quelques anonymes.

Auparavant le poème était saturnien et de Verlaine, le premier extrait de Dostoievski et les deux autres du livre Sexus d'Henry Miller.

Par ailleurs:

Qu'est-ce que l'amour? N'est-ce qu'une jouissance sensuelle, cultivée par la pensée d'un plaisir, par le souvenir d'une expérience agréable, ou de délices sexuels ? Est-ce la beauté d'un coucher de soleil, ou la feuille délicate que l'on touche et que l'on voit, ou le parfum d'une fleur que l'on hume ? L'amour est-il plaisir ou désir ? Ou n'est-il rien de tout cela ? L'amour peut-il être classé sacré ou profane? Ou est-ce quelque chose d'indivisible, une totalité qui ne peut être fragmentée par la pensée? Existe-t-il sans objet ? Est-ce parce que vous voyez le visage d'une femme que l'amour surgit en vous - l'amour étant sensation, désir, plaisir, auxquels on donne une continuité ? Ou l'amour est-il un état, en vous, qui répond à la beauté, de sorte que son objet assume de l'importance, ou est-il sans relation aucune avec la pensée, et par conséquent indépendant et libre ?

            La révolution du silence    

                                                 Krishnamurti

Et encore:

"Aimer c'est le bonheur

Attendre c'est la vie"            

                                     Victor Hugo

"Comme un oiseau sur le fil,

Comme un ivrogne dans la chorale de minuit,

J'ai tenté d'être libre à ma façon."

                                    Leonard Cohen

"Now is blessed

The rest

   remembered"

                                   Jim Morrison

Sinon:

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers 

Picoté par les blés, fouler l'herbe menue:

Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.

Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien:

Mais l'amour infini me montera dans l'âme,

Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,

Par la nature, - heureux comme avec une femme.

                       Sensation - Arthur Rimbaud