Ce sont des corps aux lignes et contours tracés pour déborder, qu’en rêve ni Fellini ni les maîtres du Shunga n’auraient imaginés — des corps arabesques dont les formes se contorsionnent entre les bords qui les contraignent. Figures grotesques aux membres nus, comme repus de leur propre vide, iels se transforment sous nos regards ébahis de n’être pas tout à fait des leurs.

Autrefois êtres humains ou en passe de le devenir, à présent aussi déstabilisants qu’attirants dans leur androgynie, ces silhouettes molles vivent la tête à l’envers avec parfois — juste avant de la déglutir peut-être — une fleur ingérée sans avoir été digérée, éclose après s’être échappée de la collecte entreprise par Carlotta Bailly-Borg au fil de ses pérégrinations physiques et mentales. Aplaties dans des livres, tiges et ramures s’imprègnent des bribes de textes qui les enclosent pour devenir aussi fragiles qu’une feuille de papier de soie, transférée ensuite à même la toile.