C’est l’histoire de Phèdre, femme
du légendaire et puissant Thésée, roi
d’Athènes, qui s’éprend d’Hippolyte,
le fils que Thésée a eu avant elle, avec
Antiope reine des Amazones. Cet amour
impossible, incestueux, détruit non
seulement
Phèdre et Hippolyte, mais révèle
la noirceur du monde, et la violence
parfois des liens fragiles, ambigus,
d’amour et de haine, de désir
et d’interdit, qui unissent familles et
enfants,
sociétés. Thésée, qui aura affronté le
pouvoir, les dieux, le monde souterrain
des morts, ne résistera pas à l’amour
interdit de Phèdre pour le jeune
Hippolyte. La nouvelle traduction
et adaptation de Frédéric Boyer tend
à faire entendre dans une langue
française contemporaine la vigueur,
la violence, l’étonnement de ce texte
qui se met à résonner étrangement
avec nos propres violences aujourd’hui.
C’est cela que Georges Lavaudant a
voulu retrouver en puisant dans la pièce
de Sénèque : la passion à l’état brut,
quasi sauvage encore. Passion monstre
de Phèdre pour Hippolyte, passion
archaïque d’Hippolyte pour la chasse,
de Thésée pour la guerre... Passions
qui tuent indifféremment hommes,
femmes, animaux... Dans cette
« Phèdre » incandescente où décors
et costumes sont réduits à l’essentiel,
les corps, habillés de lumière et d’ombre, occupent l’espace autant que les mots. Comme
dans ces théâtres d’Orient où la force
naît de l’épure.