La question de l’émancipation a repris place au cœur du débat public. Les luttes qui lui donnent consistance sont régulièrement critiquées, voire déclarées dangereuses pour l’universalisme républicain. Mais toute lutte d’émancipation – féministe, décoloniale, sexuelle – aussi particulière soit-elle, ne porte-t-elle pas en elle une part d’universel ? Peut-on faire l’impasse sur la réalité des injustices et des inégalités structurelles qui frappent certains groupes sociaux ? Et que faut-il pour que les luttes minoritaires se fassent une place sur le champ très encombré des causes légitimes, et permettent d’amender nos institutions ? Les doctrines libérales qui se sont imposées au cours des deux derniers siècles n’ont-elles pas aujourd’hui comme effet paradoxal d’entraver les aspirations émancipatrices sous des vocables nouveaux, comme le « wokisme » que l’on entend si souvent dans les médias ? Quelles voies pour l’émancipation aujourd’hui ?
Albert Ogien est sociologue, directeur de recherches au CNRS, directeur de l’Institut Marcel-Mauss (CNRS-EHESS). Dans son dernier livre, Emancipations. Luttes minoritaires, luttes universelles ? (Textuel, 2023), il s’intéresse à la portée des combats d’émancipation contemporains.
Michèle Riot-Sarcey est historienne du XIXe siècle, spécialiste de l’utopie, du politique et du féminisme et travaille avec la pensée de Benjamin sur la réécriture de l’histoire. Elle publie cette année L’émancipation entravée, l’idéal au risque des idéologies du XXe siècle aux Editions La Découverte.
La modération de la rencontre sera assurée par Emmanuelle Josse, cofondatrice et corédactrice en chef de La Déferlante
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