PAYSAGES VÉHICULAIRES

Disons-le d’emblée afin d’éviter tout malentendu: je n’aime pas particulièrement les voitures. Je distingue assez difficilement une Mercedes d’une Renault ou d’une BMW et quant à savoir ce qu’il y a sous le capot, cela ne m’intéresse pas davantage que la mécanique interne de ma machine à laver ou de mon micro-ondes.

Mais, dès que l’on passe sur le plan photographique, tout change ! La voiture aiguillonne mon regard. Au début, je ne m’en suis pas aperçu. On me l’a fait remarquer. C’était vrai. Et pas seulement aux Etats-Unis ou à Cuba où la «belle américaine» est devenu un cliché assez fatigant.
Alors, pour cette exposition, j’ai parcouru mes archives et je me suis rendu compte l’automobile était pour moi un marqueur d’espace et un révélateur d’époque. J’aime aussi les camions et les caravanes. Mais pas les motos ou les vélos. C’est ainsi qu’est née cette série des «Paysages véhiculaires». Parfois le véhicule n’est qu’un petit point dans un large panorama, parfois il en est le sujet central. J’aime aussi photographier en roulant et en intégrant des premiers plans tels que le rétroviseur, les reflets sur la vitre, la brume ou les gouttes d’eau…

Cette série compte aujourd’hui près de 300 photos, autant en n&b qu’en couleur. Je ne sais pas vraiment ce qu’elle raconte. Mais je crois que ces images restituent l’esprit d’un moment et d’une géographie. Avec la mondialisation, les mêmes habits sont portés partout, les mêmes musiques anglo-saxonnes sont diffusées… Les véhicules restent différents. Ils reflètent la psychologie d’un pays, son rapport à l’espace, à la puissance, à la réussite sociale. À son histoire politique aussi. Inutile de rappeler le parfum historique des Trabant, des 2CV, ou des DS. Ou des Simca 1000 qui m’émeuvent tout autant. A Tokyo ou Pékin, les véhicules s’adaptent au manque de place alors qu’aux USA pour monter dans ma dernière voiture de location je devais utiliser un escabeau…