JonOne

PALIMPSESTE

Entretien avec JonOne pour son exposition personnelle « PALIMPSESTE » du 13 mai au 17 juin 2023 à la galerie Rabouan Moussion, Paris. 

John, je me souviens qu’en 2017, au cours d’un entretien avec Hugo Vitrani, curateur au Palais de Tokyo, tu avais dit : « l’importance n’est pas ce qui est écrit, c’est un prétexte pour faire passer la lumière, la couleur, l’énergie, le mouvement du corps. » Est-ce toujours d’actualité dans tes dernières oeuvres ?

Oui, l’écriture de mon nom est un prétexte. Ce qui est important c’est le résultat de la toile et de son énergie. Je vois mes toiles plutôt dans l’abstraction ; la signature étant l’expression de sincérité. 

JonOne et Rock sont indissociables. Pourquoi ?

Rock parce que je me vois comme quelque chose de très solide, si tu peux peindre tous les jours, être inspiré, continuer cette bataille de manière positive, tu dois être comme un rock. 

Ta signature emmène notre regard vers un fond coloré et inhabituel. De quoi s’agit-il ?

Ce sont les traces de mon atelier : les toiles qui protègent le sol. C’est une envie que j’avais depuis longtemps, utiliser cette trace et peindre sur ces toiles. Quand tu rentres dans mon atelier, tu ressens une énergie, un passé, un présent, les choses qui se passent entre ces 4 murs.

Tu as donc utilisé les toiles du sol de l’atelier que tu as ensuite marouflées sur une toile et tu es venu peindre sur l’ensemble, d’où le titre de l’exposition « PALIMPSESTE » qui fait référence aux parchemins du Moyen-Age effacés puis réutilisés pour un nouveau texte. 

C’est comme une nouvelle vie pour les toiles qui étaient posées au sol. Je ne peux pas les jeter, sinon j’ai l’impression de jeter une partie de moi-même. Comme mes vêtements recouverts de peintures dont les couleurs me rappellent mon histoire et la création des œuvres : ça forme une pâte, une texture qui s’impose spontanément. Mes toiles sont vivantes et organiques. Il y a une obscurité dans les toiles, on dirait de la dentelle et derrière il y a cette couche de couleur. C’est intéressant pour moi : c’est une évolution, un nouveau chapitre dans mes toiles. C’est la raison pour laquelle je voulais les présenter à la galerie Rabouan Moussion, où j’expose toujours un travail différent. 

Je ne me vois pas comme un graffeur ou un street artiste traditionnel, je suis un peu à part. Je fais ce que j’ai envie de faire, je ne suis pas dans les codes même si j’écris mon nom. Je me vois comme un artiste abstrait. La toile est très sensuelle, très poétique, les couleurs dansent devant les yeux. C’est l’essentiel de mon travail, cette énergie que j’apporte. 

Ce sont des traces pour moi, des traces que je veux garder. Je n’ai pas peur de mourir mais j’ai peur d’être oublié. Quelle meilleure manière que de laisser une trace de mon passage sur terre. Aujourd’hui je peins beaucoup, j’ai beaucoup d’énergie mais on ne sait pas de quoi demain est fait. Je veux profiter à 100 à l’heure de ce que je fais pour ne pas avoir de regrets. Je me nourris de tout ce que je vois, à Rio de Janeiro, en Alabama, à Bangkok, en Afrique du Sud, j’ai envie de peindre et de documenter tout ce que j’ai vu.