JEAN-MICHEL OTHONIEL
NEW WORKS
Né dans les années 1960 à Saint-Étienne, ville minière et
ouvrière, Jean-Michel Othoniel grandit face aux réalités de
son environnement industriel. Il a aussi accès à la très belle
collection du Musée d’art moderne de Saint-Étienne, la
deuxième plus grande de France derrière celle du Centre
Pompidou. À l’âge de dix ans, il croise le travail du minimaliste
américain Robert Morris, une expérience qui le marque
durablement. Il voit l’art comme un univers parallèle, accueille
l’importance d’un côté espiègle, une philosophie qui a plus
tard défini sa pratique artistique. Dans cette nouvelle
exposition, les œuvres s’inscrivent dans la lignée de celles
montrées à la Collection Lambert à Avignon. Elles marquent
le réel intérêt de l’artiste pour le minimalisme et l’abstraction
et appuie l’idée que la beauté et la sensualité n’est en rien un
manque de radicalité.
Dans les années 1980, il emménage à Paris pour étudier l’art,
à une période qui transforme l’art occidental. Des mouvements
tels que le minimalisme, l’art conceptuel, le Fluxus, l’Internationale
situationniste, l’arte povera et le Land art, ainsi que les happenings
et les performances artistiques qui les accompagnent redéfinissent
alors les médiums artistiques, avec des installations multimédia
désormais très courantes dans l’art contemporain. Malgré l’expansion
de l’expression artistique, la crise du sida fait souffler un vent de
souffrance et de deuil insoutenable sur la communauté gay, ce qui
affecte profondément la vision du monde de Jean-Michel Othoniel.
Ses premières œuvres sont inspirées par le désespoir.
En 1917, Paul Klee, qui écrivait en plein milieu des horreurs de la
Première Guerre mondiale, observait : « plus le monde devient
effrayant (tel qu’il l’est aujourd’hui), plus l’art se fait abstrait, tandis
qu’un monde heureux fait s’épanouir un art réaliste ».
Les mots de Klee éclairent le sujet de la grille dans la peinture
moderniste, un motif qui incarne le confinement. Des grilles, monotones
et implacables, rappellent les parois impitoyables des cellules de
prison. Elles sont à la fois complètement nouvelles et sans cesse
répétées, n’offrant aucune possibilité de résistance, d’échappatoire
ou d’alternative. Et pourtant, c’est paradoxalement dans ce sentiment
d’impuissance absolue que la grille devient un passage. Elle fait du
corps une partie intégrante du chemin lui-même. Cette dualité entre
confinement et passage est la clé d’entrée dans le travail de l’artiste,
qui est profondément façonné par son expérience personnelle et les
contextes culturels avec lesquels il interagit.
CRISTINA BANBAN
LORQUIANAS
Perrotin Paris a le plaisir de présenter Lorquianas, une exposition
personnelle de Cristina BanBan, artiste espagnole basée à New
York, composée de grandes toiles inédites et travaux sur papier
pour sa quatrième exposition au sein de la galerie. Ayant été
présentée pour la première fois en mai 2025 au Musée des
Beaux-arts de l’Alhambra à Grenade (Espagne), cette exposition
arrive à Paris enrichie de nouvelles pièces créées pour l’occasion.
Lorquianas est le projet le plus ambitieux de Cristina BanBan à ce
jour, et c’est aussi sa première exposition institutionnelle. Elle trouve
son origine dans une invitation à dialoguer avec la vie et l’héritage de
Federico García Lorca dans la ville natale du poète, Grenade. Sa
présence immuable dans la mémoire culturelle andalouse, et ses
personnages archétypiques et forts en émotions dans des œuvres
telles que Yerma, La Maison de Bernarda Alba, et Noces de sang,
constituent les fondements conceptuels de l’exposition.
Au cœur de Lorquianas se trouve une série de toiles immenses qui
répondent à la complexité émotionnelle et symbolique de l’univers de
Lorca. Dans Yerma (toutes les œuvres mentionnées sont de 2025),
Cristina BanBan s’inspire de la tragédie du même nom élaborée par
Lorca en 1934, dans laquelle la protagoniste, prisonnière de normes
culturelles de féminité et de fécondité, est peu à peu détruite par le
fait de ne pas avoir d’enfant. La plasticienne traduit cette tension par
deux personnages interdépendants, l’un en deuil et avachi, l’autre bien
droit et rappelant une statue. Sur des aplats entrecroisés verts, bruns
et bleus, ces silhouettes contrastent en taille et en tons, mais restent
liées par une même vulnérabilité. Leur relation n’évoque pas seulement
le désir de maternité, mais aussi la dualité émotionnelle, le refoulement
et la résignation, des thèmes centraux dans la pièce comme dans la
peinture.
Luto y ajuar explore une dynamique générationnelle qui est elle aussi
au cœur de la vision qu’a Lorca de la féminité espagnole, en particulier
dans La Maison de Bernarda Alba (1936), une pièce racontant la lutte
de cinq filles contre l’autorité étouffante de leur mère en plein deuil. La
toile de Cristina BanBan met en scène un contraste tout aussi fort :
des femmes âgées vêtues de noir sont assises face à des femmes
plus jeunes, dont les gestes hésitent entre confrontation et déférence.
Des bas colorés et des éléments domestiques (chaises rouges et
jaunes, cuisses dénudées) créent une tension visuelle entre solennité
et sensualité, qui fait écho à l’intérêt de Lorca pour le conflit entre
tradition et désir qui existe au sein du foyer
Liste des inscrits (1/5 reste 4)
Liste d'attente 
Sois le premier à poster un commentaire sur cette sortie !