je vous propose de lire : Orient et Occident
On pourra ensuite en débattre ou échanger nos vues et nos compréhensions.
https://www.babelio.com/livres/Guenon-Orient-Occident/1114750
https://www.universalis.fr/encyclopedie/esoterisme/1-la-vraie-nature-de-l-esoterisme/
La métaphysique dont il s'agit n'est pas un savoir verbal rationnel, mais une connaissance traditionnelle se donnant pour intégrale et salvatrice : le terme spécial de gnose (du grec gnôsis, « connaissance ») serait sans doute plus approprié. Il s'agit, en effet, pour l'ésotériste, d'acquérir une connaissance intuitive supra-rationnelle et transcendante – qui se révélerait comme une philosophia perennis, toujours identique à travers les diverses époques. Sans doute convient-il de faire ici une claire distinction entre cette gnose transcendante et les formes très diverses (orthodoxes ou hétérodoxes) sous lesquelles elle a pu se trouver éventuellement formulée et qui constituent l'ensemble si hétérogène qu'on appelle le gnosticisme. « Il serait plus exact, remarque même l'historien Eugène de Faye, de parler des gnosticismes que du gnosticisme. » Atteindre la connaissance ésotérique, c'est accéder à l'aspect intérieur, caché, des doctrines et des rites traditionnels ; ce serait donc passer de l'écorce au noyau.
Résumé :
La civilisation occidentale moderne apparaît dans l'histoire comme une véritable anomalie : parmi toutes celles qui nous sont connues plus ou moins complètement, cette civilisation est la seule qui se soit développée dans un sens purement matériel, et ce développement monstrueux, dont le début coïncide avec ce qu'on est convenu d'appeler la Renaissance, a été accompagné, comme il devait l'être fatalement, d'une régression intellectuelle correspondante ; nous ne disons pas équivalente, car il s'agit là de deux ordres de choses entre lesquels il ne saurait y avoir aucune commune mesure. Cette régression en est arrivée à un tel point que les Occidentaux d'aujourd'hui ne savent plus ce que peut être l'intellectualité pure, qu'ils ne soupçonnent même pas que rien de tel puisse exister ; de là leur dédain, non seulement pour les civilisations orientales, mais même pour le moyen âge européen, dont l'esprit ne leur échappe guère moins complètement. Comment faire comprendre l'intérêt d'une connaissance toute spéculative à des gens pour qui l'intelligence n'est qu'un moyen d'agir sur la matière et de la plier à des fins pratiques, et pour qui la science, dans le sens restreint où ils l'entendent, vaut surtout dans la mesure où elle est susceptible d'aboutir à des applications industrielles ? Nous n'exagérons rien ; il n'y a qu'à regarder autour de soi pour se rendre compte que telle est bien la mentalité de l'immense majorité de nos contemporains ; et l'examen de la philosophie, à partir de Bacon et de Descartes, ne pourrait que confirmer encore ces constatations. Nous rappellerons seulement que Descartes a limité l'intelligence à la raison, qu'il a assigné pour unique rôle à ce qu'il croyait pouvoir appeler métaphysique de servir de fondement à la physique, et que cette physique elle-même était essentiellement destinée, dans sa pensée, à préparer la constitution des sciences appliquées, mécanique, médecine et morale, dernier terme du savoir humain tel qu'il le concevait;