Odile, héroïne ordinaire et solitaire, nous convie à sauter dans l’eau du grand bassin d’une piscine municipale et à la suivre dans son couloir de nage, le temps d’un été. Ses enfants ont grandi, sa mère a quitté ce monde et elle n’a plus d’homme dans sa vie. Ainsi, tous les jours, elle nage pour ne pas couler. Cousu d’impressions fugaces entremêlées de souvenirs souvent drôles et tendres, ce journal de bord de piscine dessine par touches subtiles l’histoire intime d’une femme à une période charnière de son existence. Au bout de ses longueurs, elle va finir par vivre une renaissance.
À travers la géographie et l’architecture des lieux, le mouvement des corps des nageurs qui l’environnent ou encore les sensations que le contact de l’eau provoque en elle, se dessine tout un paysage peuplé d’une faune étrange, un monde mythique qui n’est pas sans évoquer nos propres origines.
Comédienne et romancière, Anne Brochet écrit ici spécifiquement pour le théâtre un seule-en- scène poétique qu’elle interprète elle-même. Avec la collaboration de la chorégraphe Joëlle Bouvier, elle explore la fragilité du corps et du cœur, ceux du personnage comme ceux de l’actrice. Pas à pas elle construit son parcours physique, son rapport à l’endurance, mais également sa trajectoire émotionnelle, depuis le plongeon vers les profondeurs obscures jusqu’à une remontée à la surface. Au langage de la danse s’ajoutent des images sans paroles, projections fantasmées qui sont comme les échos silencieux du texte narratif.
Cette traversée de bassin relève de la confession autant que de la performance physique, de l’observation autant que de la rêverie.
« Ce que je veux dans ma vie présente, c’est pouvoir faire de beaux crawls, toniques, filiformes et très silencieux. C’est ce que j’aime le plus, quand ils sont muets. Précis et détachés. Un idéal de moi-même. J’y arriverai. J’ai tout l’été. »
Anne Brochet
La représentation est à 15h30