Nushka

Où vont les rêves quand on les oublie ?

Où vont les rêves quand on les oublie ?
« Comment peindre Venise ? Qui s’y risquerait aujourd’hui ? Cette ville scrutée, photographiée, écrite, peinte mille fois, et par de si grands : Guardi, Monet, Turner, Ziem, Canaletto, Manet... pour n’en citer que quelques-uns. Venise fantasme et cliché, envahie de touristes et dupliquée aux quatre coins du monde, en carton-pâte parfois et sous lumière artificielle. Voir Venise, dit-on, et mourir. Comme s’il n’y avait pas d’au-delà Venise est un miracle. Un empire né de la vase, construit sur pilotis, toujours condamné et pourtant toujours là. 
En février 2021, Nushka a pris le risque de Venise. Elle est arrivée dans une ville vide pour cause de pandémie. Elle a regardé et ses toiles se sont dépeuplées à l’image de la cité arpentée. La figure féminine, omniprésente d’habitude, a disparu. Elle montre alors l’immuable : la pierre et l’eau, leurs jeux d’ombre et de lumière, le mouvement d’une ville à l’arrêt. Dans ces toiles vénitiennes, on retrouve les coups de pinceaux amples de Nushka, sa maîtrise du geste, de la matière, la douceur avec laquelle elle traite le monde observé, la singularité de son cadrage, sa façon aussi d’aller à l’essentiel. Ses figures sans visages se transforment en architectures aux aplats vibrants.