Mathieu Dufois
Un élément absent d’une œuvre peut-il avoir une valeur aussi décisive que ce qui est sous nos yeux ? Le hors-cadre fait-il, lui aussi, le tableau ? À qui appartiennent ces ombres projetées sur le dos d’une femme accoudée à une porte fenêtre ? Dans son œuvre, Mathieu Dufois interpelle les angles morts et étend leurs ombres sur le visible. Des personnages semblent rôder autour du cadre sans pour autant oser y pénétrer.
Et le spectateur s’y perd, comme dans un labyrinthe où le réel se mélange au fictif, le vrai au rêve, l’ordinaire à l’inquiétant. Les temporalités tissent des liens entre elles, se confondent et deviennent floues : cette scène se déroule-t-elle vraiment sous nos yeux ou n’est-elle que la persistance rétinienne d’un souvenir passé ? Avec ses dessins, l’artiste mène une fouille archéologique dans la mémoire individuelle et collective. Il trace inlassablement les trajectoires d’ombres et de lumières, nous invitant –nous, spectateurs de son travail –dans une dimension qui ne semble exister que sous sa pierre noire. Où la scène de Dédale 04 se joue-t-elle ? Au premier plan, des corps s’affrontent et se fondent les uns dans les autres tandis qu’à l’arrière-plan une architecture nous plonge dans une ambiance proche du giallo italien.