Marion Mailaender
Entrez, entrez donc. Bienvenue chez Marion
Mailaender. Ou, plus exactement, bienvenue parmi ses
meubles, qu’elle a fabriqué entre deux commandes pour
un hôtel ou un appartement. Architecte d’intérieur basée
à Marseille, l’ancienne élève de l’école Boulle a
développé en parallèle de ses projets d’aménagement
une pratique de designer, qui lui a ouvert les portes de
la Villa Noailles l’été dernier – elle y montrait un décor
d’appartement tout en objets expérimentaux. Ce sont
eux que l’on retrouve ici, parmi un choix d’œuvres
d’artistes de la galerie GP & N Vallois.
Vous le verrez vite : la designer aime à entrer en
dialogue avec l’histoire de l’art – certains de ses grands
noms sont même ses voisins. En témoigne la sonnette de
son immeuble fantasmagorique, lequel indique qu’il y a,
parmi ses voisins de paliers, Carl Andre, Andrée
Putman,Agnèsb…MaisaussiValérieLemercier,Francis
Cabrel et Beyoncé. Sonnez, vous verrez qu’on vous
répondra. Par des chansons, des extraits de films, des
enregistrements sonores.
Cette sonnette donne le ton du rapport à l’espace
domestique de Marion Mailaender – facétieux, rieur,
ironique, bourré de références, savantes ou populaires.
Regardez à l’entrée : un tapis imite une annonce
immobilière,reprenantlesticsdelangageclassiquesdes
agents, et donnant à imaginer un appartement
typiquement méridional. On se prend à rêver, et puis,
déjà, la designer nous projette dans les travaux que l’on
pourra y faire pour s’y sentir comme chez soi, avec ses
lampes Architectures à emporter qui empruntent leurs
matériaux à l’esthétique d’un chantier en cours. L’objet
garde ainsi éternellement un aspect non-fini (infini),
comme s’il restait quelque chose à faire, comme si la
maison restait perpétuellement en mouvement.