OBSERVER AOÛT
Marina Vandra & Yoan Béliard
L’une peint alors que l’autre sculpte. Mais les deux composent, tels des archéologues
du temps présent qui chercheraient à collecter des fragments d’instantané, futurs
vestiges comme à l’avance prélevés de notre société d’aujourd’hui. Sans doute aussi
ont-ils une même fascination et belle curiosité pour l’architecture, ou devrait-on dire
l’habitat et les lieux de vie, qu’ils auscultent chacun à leur manière et dans les moindres
détails, y puisant à travers lectures et voyages, la matière constitutive de leur œuvre.
Le travail de Marina Vandra semble glisser sur la toile. Ici des couleurs denses,
presque sourdes qui nous permettent, dit-elle, de rentrer dans la peinture plutôt que ce
ne soit celle-ci qui vienne trop brutalement à nous. Des couleurs de fin du jour et d’un
temps suspendu, celui de l’été qui s’étire et s’étend à l’infini. Les motifs, eux, sont aussi nets
dans leur contour que soigneusement assemblés. Le cadre ainsi est posé d’un intérieur dont
le plan peut nous évoquer le Japon, et qu’elle décline telle une partition, en quelques
variations au préalable dessinées sans en avoir été semble-t-il pour autant réellement
décidées. L’artiste se nourrit d’images glanées dans livres et revues dont elle extrait
quantité de détails avant de les reproduire en d’étonnantes compositions, esquisses reprises
jusqu’à l’épuisement dans l’intimité de ses carnets. Il est bien sûr pour elle question de temps
long, de celui de la réflexion qui lui permet une certaine distance à l’œuvre, jusqu’à celui
de la mise en peinture pour laquelle elle déploie un savant système de pochoirs, gage
d’une très subtile restitution des formes alors précisément découpées. Une règle du jeu, ou bien
une règle de l’art, qui lui impose une parfaite maîtrise dans la pensée comme dans le geste
pour accéder à la peinture. Ou bien s’agit-il malgré les traces du pinceau d’un dessin pour le
moins augmenté ?