Sur scène, un corps hors norme défie les codes de la danse et les lois de la physique. C’est celui de Sofiane Chalal, danseur et chorégraphe, figure du hip-hop à Maubeuge et désormais bien au-delà.

Il l’assume sans ambages : « On me rencontre deux fois, d’abord mon corps puis moi, comme s’il prenait toute la place, même la mienne. » Ma part d’ombre est presque un récit initiatique, où il est question de sujets très personnels, donc universels : le corps comme allié et ennemi, et le paradoxe, parfois stimulant, parfois douloureux, entre ce que nous percevons de nous-mêmes et ce que voient les autres.

Sofiane Chalal les aborde avec beaucoup de sensibilité, et sa gestuelle si singulière, qui charrie à la fois la puissance du hip-hop et la fragilité du mime. Aussi à l’aise dans les battles que chez des chorégraphes comme Farid Berki ou Brahim Bouchelaghem, il bouscule toutes les idées reçues et ne rentre dans aucune case. Il se met ici à nu dans une proposition qui mêle danse, texte et images, et explore à sa manière la position de l’artiste et la façon dont la scène le transforme.

Ma part d’ombre c’est l’histoire de Sofiane, danseur virtuose donc, qui se glisse dans la peau du chorégraphe pour porter jusqu’à nous le récit intime d’une vie à la fois fondamentalement libre et pourtant encombrée. C’est une bataille existentielle en règle avec les idées reçues. Une danse qui sait s’amuser de tout. Un voyage, comme un livre ouvert, qui nous apprend que rien, ni ne nous assigne, ni ne nous résigne.