Critique : La scène d’ouverture nous présente l’image idéalisée d’un couple au début de son histoire d’amour. Une sorte de conte de fée dont le cinéma est friand. Mais bientôt la personnalité de chacun se révèle, les attentes s’entrechoquent, les mécanismes de défense s’installent et la belle harmonie vole en éclats. À qui la faute ? À l’indifférence masculine face à la charge mentale encore et toujours imposée aux mères et aux épouses ? À la difficulté de certaines femmes à laisser libre cours à leur ressentiment, comme la colère, pourtant garde-fou indispensable contre la rancune et la tristesse ? Au temps qui passe ? Aux cicatrices anciennes mal refermées ? Un peu tout cela sans doute. Et si, plutôt que de rechercher des causes extérieures à nos tourments, n’était-il pas préférable d’entamer un dialogue avec soi-même ?

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Fascinée par les multiples aspects de la nature humaine, la réalisatrice norvégienne Lilja Ingolfsdottir choisit pour son premier long-métrage de dresser le portrait psychologique d’une quarantenaire capable de chercher sa part d’ombre et de regarder sa peine pour la transformer.
Alors qu’elle est en plein divorce, Maria rencontre Sigmund et le coup de foudre est immédiat. Le couple s’installe et très vite naissent deux enfants qui, avec les deux autres issus du mariage précédent de Maria, composent une vraie famille et imposent à notre personnage principal une surcharge psychologique conséquente, tandis que son conjoint privilégie son travail et multiplie les absences. Si la réalisatrice en profite pour dénoncer cette inégalité persistante entre les hommes et les femmes encore et toujours seules responsables de l’organisation familiale, elle évite de faire glisser son histoire éminemment féministe vers l’écueil de l’opposition systématique de la gentille femelle contre le méchant mâle. Peu à peu, elle dévoile les difficultés de communication de la cheffe de famille débordée avec sa fille aînée, certes adolescente, mais aussi avec sa mère qui en dresse un tableau peu flatteur, et enfin nous livre le témoignage de la psychothérapeute. Une manière habile de parsemer juste assez d’éléments pour laisser deviner une Maria pas aussi « loveable » (aimable) que le suggère le titre et accorder quelques circonstances atténuantes au mari qui tente, même maladroitement, d’apporter sa contribution domestique.

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Au moment où le spectateur se lasse de cette valse hésitation entre agacement et désir de compréhension, le récit se concentre autour de Maria, narratrice de sa propre histoire, pour nous conduire subtilement vers une introspection fouillée qui prend la forme d’un jeu de miroirs fascinant, suggérant à la fois l’interrogation sur soi-même et la projection de soi vers les autres. Pour transmettre au plus juste toute la complexité inhérente à la nature humaine, il fallait une actrice d’une impeccable justesse. Avec ce premier rôle dans un long-métrage de cinéma (elle a gagné des prix d’interprétation au théâtre et dans des courts-métrages), la Norvégienne Helga Guren, épatante de vérité, confirme l’immensité de son talent, d’ailleurs récompensé du prix d’interprétation au Festival les Arcs 2024 ainsi qu’au Festival international du film de Karlov Vary.













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