LOUIS BARBE

SUNKEN CITY

C’est d’une simple image qu’est née l’urgence de découvrir le travail de Louis

Barbe, tant elle augurait de la vitalité frappante de sa peinture. Un portrait de

femme, dont l’expression des mains répondait génialement à l’extraordinaire

mimique du visage. Tout, dans ce petit tableau, semblait sur le point de s’animer,

de se métamorphoser. Cette première impression fut confirmée lors de notre

première visite à l’atelier de l’artiste: dans la peinture de Louis Barbe, la moindre

touche de pinceau est fougueuse, incarnée, prête à déborder pour recomposer

la scène, quitte à en exacerber ou en déformer certains attributs: rien n’est jamais

figé.

Chez ce travailleur insatiable - ce qui nous a été confirmé par deux de ses

professeurs des Beaux-Arts de Paris, où il entame sa dernière année - la virtuosité

du geste sert une liberté absolue dans le choix des sujets. Tantôt puisant dans

une forme de réalisme (vues d’atelier, de la ville, portrait d’amis...), tantôt

complètement délirants (fourmillement de petits personnages menaçants,

insectes surdimensionnés, ...), les tableaux de Louis Barbe font fi des frontières

entre le réel et la fiction, rappelant que la vérité de chacun se nourrit de

fantasmes, de peurs et de projections. Tout ce qui d’habitude est imaginé se

trouve chez lui dévoilé, des souterrains où prospère un peuple parallèle, aux

multiples fenêtres ouvertes sur des scènes de l’intime.

Chaque tableau est une immersion instantanée dans un monde en soi, qui

répond à ses propres règles. On y plonge avec délectation, humour et

fascination.

Laura de Pontcharra - Alexandre Lazarew