un film de de Pablo Agüero (2020)
Femme Actuelle
"Multiprimé en Espagne, ce film intense illustre les ravages d'un patriarcat tout-puissant, tel qu'il existe encore ici et là."
La Croix
"Avec la reprise de la figure de la sorcière par les mouvements féministes, Pablo Agüero signe un film historique particulièrement en résonance avec notre époque. "
Le Parisien
"« Les hommes ont peur des femmes qui n’ont pas peur », dit l’une des protagonistes, ce qui résume parfaitement un long-métrage aussi puissant qu’original, au final hypnotisant et époustouflant."
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Après la projection du film, pour ceux qui le souhaitent, nous nous retrouvons dans la salle du bar de l'Entrepôt afin de participer à un echange autour de l'oeuvre qui sera animé par Daniel Ramirez (consultant, écrivain, conférencier).
Présentation de la séance (par Daniel Ramirez) :
"« LES SORCIERES D’AKELARRE» ou la persécution parfaite
Les périodes de trouble ou de changement d’époque (sommes-nous dans une telle période?), avec ses peurs, combustible émotionnel qui mute très facilement en haine, les systèmes de domination, se sentant menacés, produisent des phénomènes monstrueux. Un de ces manifestations les plus archétypiques a été l’Inquisition et sa chasse aux sorcières. Qué faire quand la compréhension humaine d’est pas suffisante pour saisir le moment historique? Comment les hommes interprètent la réalité et le monde quand ils ne comprennent pas ce qui leur arrive? C’était le cas, car le monde medieval (et sa dernière étape qui a été la Renaissance) touchait vraiment à sa fin; monarchie, église, féodalisme, voyaient leur monde corrodé par la modernité et le capitalisme naissants, qui, tout en étant à l’œuvre, n’étaient pas visibles ni accessibles à la mentalité de l’époque, même pour des personnalités érudites.
Le recours le plus commun dans tells périodes est se choisir un bouc émissaire. Quelqu’un doit être le coupable de ce qui se passe, même si on ne sait pas vraiment ce qui se passe. Quand l’ancien ordre s’effondre, tout signe de liberté est considéré comme dangereux. Les systèmes totalitaires fonctionnent jusqu’à nos jours avec cette logique. Ainsi, au début du XVIIe siècle, un cocktail des plus venimeux a été conçu, mêlant la peur de la femme (d’un patriarcat anquilosé), la peur du pêché (d’un christianisme vieillissant), la peur de la liberté (des monarchies affaiblies), la peur du corps (d’une métaphysique usée), la peur de l’enfer (d’une théologie devenue fanatique). Tout cela a alimenté la chasse aux sorcières. Mais la rhétorique, la dialectique, le syllogisme aristotélicien étaient encore pratiques courantes chez les lettrés, c’est pourquoi on assiste à la coexistence d’une sophistication dans l’enquête et l’interrogatoire (c’est double la signification d’«Inquisitio») et une recherche de la cruauté physique qui a traumatisé l’imaginaire des époques postérieures, dont l’art plastique (Bosch, Breughel, Goya) porte la trace.
Tout cela donne une forme de persécution et d’«instruction» de procès à laquelle il n’est pas possible de s’échapper. La persécution parfaite. D’où notre évocation des totalitarismes. Que faire donc pour s’en sortir. L’imaginaire, l’intelligence, la ruse seront-ils suffisants?
Ce film flamboyant (sans jeu de mot), avec son rythme, sa musique, l’impact des ses images, la force de ses personnages, nous permettra de poser ces questions, à propos de la liberté, les persécutions, la sorcellerie et le nouvel éclairage qui porte aujourd’hui le féminisme.
Mais quelles sont nouvelles les chasses aux sorcières qui nous prépare notre époque?"
Après le débat, pour ceux qui le desirent, nous pourrons nous rejoindre autour d'un café pour échanger et faire plus ample connaissance.
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Le débat est compris dans le prix de la place de cinéma : 9 €
(sortie sous condition du pass sanitaire)
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*un mot sur Daniel Ramirez :
A fait ses études de philosophie à Santiago du Chili, tout en menant parallèlement des études de musique. En 1984 il fini ses études de philosophie sur “ Nietzsche et l’art ”. A Paris, il fait un D.E.A. en philosophie de l’art à l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), puis un doctorat en philosophie morale et politique avec une thèse intitulée « IDENTITE CULTURELLE ET DIMENSION ETHIQUE, une réflexion à partir de la pensée de Charles Taylor ». Il fini aussi ses études de musique à l’Ecole Normale de Musique de Paris et développe une carrière de concertiste. Il est auteur d’un volume de poésie, édité au Chili et des nombreux articles de théorie de l’art, ainsi que des conférences sur l’esthétiques et critique de la culture, tant en France comme en Amérique Latine.
Depuis 20 ans, il participe dans la mouvance des “cafés philosophiques” en France, assurant l’animation au premier de ceux-ci en France, invité par Marc Sautet, le fondateur de cette activité. Il a animé des multiples débats avec la présence des philosophes et penseurs, comme Paul Virilio, Albert Jacquard, Christian Godin, Albert Kahn, Miguel Benasayag, Jean-Pierre Dupuis, Bertrand Vergely et Edgar Morin.
Il est le créateur du concept ciné-philo (travail philosophique à partir des films), animateur et programmateur de cette activité au cinéma L’Entrepôt à Paris, depuis 1997. Ses intérêts philosophiques couvrent l’histoire de la pensée, depuis la Bible et les sagesses anciennes jusqu’à la phénoménologie et la philosophie morale et politique contemporaine, avec le souci de rendre accessible ces problématiques au public non-spécialiste et d’élargir les “ usages ” de la philosophie hors de ses domaines habituels.