Discussion ludique et chaleureuse sur :
LES RÉVOLUTIONS DE L’INTELLIGENCE, table ronde animée Adèle Van Reeth, à la Sorbonne, le 31 mars 2018.
subsidiairement :
https://www.philomag.com/philosophes/ludwig-wittgenstein
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Que dit donc le premier Wittgenstein ? Son Tractatus entend dévoiler la forme logique qui se cache derrière le langage. La logique nous est donnée a priori et le langage en est comme le reflet : les pensées sont des images logiques du monde. Ce qui est pensable, dicible et logique est la même chose. Mais le langage ordinaire n’est pas transparent à lui-même. Il y a ce qui peut être « montré » (les états de choses) et ce qui peut être « dit » (la forme logique du langage). Or, c’est précisément cette forme logique qui nous est inaccessible. « La proposition montre son sens » mais elle ne le « dit » pas, de la même manière qu’un œil ne peut se voir. Seul un langage parfait permettrait d’exposer au grand jour les règles qui le régissent.
Wittgenstein répertorie en outre trois types de propositions : les propositions sensées, qui sont vraies ou fausses (= la science) ; les propositions sans sens, qui sont tautologiques (= la logique, les mathématiques) ; et les propositions insensées, qui sont du pur bavardage (= la métaphysique, l’esthétique…). Conclusion : « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire. » Bref, Wittgenstein condamne la philosophie au silence. Et cet ineffable porte un nom : « Le Mystique ».
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https://www.philomag.com/articles/ludwig-wittgenstein-mille-vies-en-tourment
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« La solution du problème que tu vois dans la vie, c’est une manière de vivre qui fasse disparaître le problème » (Remarques mêlées). L’adage peut sembler élémentaire comme un théorème. Il guide néanmoins Wittgenstein, être pessimiste et inquiet, en proie à des tourments existentiels permanents. La philosophie est précisément une de ces « manière[s] de vivre » susceptibles d’apporter la sérénité : « Paix dans les pensées. C’est le but auquel aspire celui qui philosophe » (ibid.). Dans toutes ses autres expériences, il s’agit aussi toujours pour lui de résoudre ses difficultés intimes en se transformant, en orientant sa vie dans un sens juste ou « décent » – pour reprendre un terme fréquent sous sa plume. Cette forme d’honnêteté morale, Wittgenstein la recherche dans ses pensées et surtout dans ses actes : le rapport à soi est une affaire strictement personnelle qui ne se communique pas, mais se montre.