Les mondes de l'oiseau-conteur est la première grande exposition personnelle de l'artiste camerounais Hervé Yamguen en Europe. A travers un ensemble de dessins et de sculptures en bronze, l'exposition célèbre trente ans de pratique et de réflexion artistique. L'« oiseau conteur » est une métaphore de l'artiste visuel qui, à travers ses créations, traduit et transmet les formes et les histoires de l'univers. Les visages s'entrelacent et fusionnent pour créer des êtres hybrides qui témoignent des liens entre les êtres vivants.

Le poème suivant a été écrit par l'artiste. Il cristallise l'esprit de l'exposition.

"L'image de l'oiseau est apparue dans mes dessins après une intense nuit d'amour.

Cela m'a amené à lever mon regard au-dessus des arbres et à contempler les teintes changeantes du ciel et à être aveuglé par les vols des oiseaux.

Je suis ainsi entré dans une conscience vive de ce qui se passe en moi dans les mouvements rapides de la vie. Je suis aussi conscient de ce que le monde extérieur me donne à voir, qui bouge, qui me fait mal et qui m'entraîne dans un voyage permanent entre hier, maintenant et demain.

Je suis revenu dans mon village Ballassié à Bandja à l'Ouest du Cameroun pour prendre la charge familiale et occuper la fonction de gardien des traditions. C'est ainsi que j'ai été nommé «Zeuheukap», ce qui signifie «celui qui partage» ou «celui qui ne mange pas seul». Le frère de mon père décédé, qui est resté longtemps dans la maison des ancêtres, m'a dit qu'il m'apprendrait à écouter le langage des oiseaux.

Au cours de mes voyages, j’ai pris le temps de développer mon goût du monde, de me coller aux vibrations de mon cœur et de laisser ce cœur devenir un « oiseau conteur ».

Aujourd’hui, ce que je manifeste à travers mon art, c’est la force d’esprit et d’imagination qui vient du fait que je sais marcher et porter des histoires à raconter et à représenter en images.

L’oiseau conteur est un promeneur curieux qui a les yeux grands ouverts.

L’oiseau conteur n’est jamais seul. Et s'ils semblent seuls, c'est pour rester dans le silence et mieux saisir ce qui se passe là où ils se trouvent.