« Le théâtre serbe dans la Grande Guerre »
Pour la Serbie, déjà épuisée par les guerres des Balkans qui venaient de se terminer, la Première Guerre mondiale fut longue et dure. Les théâtres ne fonctionnaient pas sur le territoire serbe, ni à Novi Sad qui avait appartenu, avant la guerre, à la monarchie austro-hongroise.
Dans l’entre-temps, la vie théâtrale se propageait hors des frontières du pays, à Corfou et en Corse, au Front de Salonique, en Bulgarie, en Hongrie et en Autriche, en France et en Tunisie. Soldats, prisonniers, blessés, réfugiés - tous deviennent acteurs, et ainsi, le théâtre renaît là où ils s’arrêtent. Des officiers, des intellectuels et des amateurs doués – toutes professions confondues – viennent à leur aide.
Les théâtres militaires étaient construits à la hâte, y compris aux lignes de bataille, en position, masqués… Ils opéraient dans les calmes entre les batailles, ou entre les ordres d’avancer. Les soldats et civils serbes blessés et malades se rétablissaient dans des centres de convalescence surchargés. Là-bas, ils rencontraient des acteurs, même des actrices, qui – dès que la condition de leur santé le leur permettait – fondaient des théâtres. C’est dans les camps de prisonniers que les théâtres étaient les plus nombreux : en monarchie austro-hongroise seulement, ils étaient soixante-huit. Tourmentés par la famine et le froid, épuisés par le travail forcé, à la limite de la mort, des prisonniers faisaient du théâtre !