En 1982, au Liban, déchiré par la guerre civile, Georges, un metteur en scène français, s'engage dans un projet audacieux, monter "Antigone" de Jean Anouilh avec une troupe composée de comédiens issus des différentes factions ennemies. Son objectif est de transcender les divisions et de créer un espace de dialogue et d'espoir au milieu du chaos.
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Le journaliste est conquis par le film qu'il trouve bouleversant de bout en bout, rythmé, dur et tendre à la fois : "C'est un film absolument magnifique. J'ai été très séduit, bouleversé. Qu'est-ce qu'il y a de plus magnifique et de plus bête en même temps que de monter une pièce de théâtre sur le lieu où tout le monde s'étripe en pleine guerre civile. Je trouve que David Oelhoffen, dont j'aime pratiquement tous les films, se sert de ça pour faire une fresque qui est à la fois spectaculaire, très rythmée, très tendre et très dure, puisque c'est l'histoire d'un type qui va passer la barrière de son idéal et va être obligé de passer à l'acte, ce qui va le détruire d'une certaine façon. C'est un film avec un Laurent Lafitte magnifique au cinéma, avec, à côté de lui, Simon Abkarian qui est formidable, mais aussi la comédienne Manal Issa qui va jouer Antigone ou bien le petit Tarek Yaacoub qui, en une scène, nous révèle un secret. C'est un film d'une sensibilité et d'une force formidable".
La critique, bien que reconnaissant la force du récit et du jeu des acteurs, regrette une mise en scène quelque peu maladroite, notamment dans une scène inutile et illustrative : "Je ne serais pas aussi enthousiaste, même si je trouve l'histoire très forte, que les deux comédiens principaux dont Lafitte dans ce personnage égaré, déplacé, je le trouve très fort. Simon Abkarian a une puissance d'incarnation immédiate. En revanche, en termes de mise en scène, c'est un peu scolaire et c'est surtout un petit peu trop illustratif à mon goût, on est pas mal dans la reconstitution du théâtre des opérations, et il y a une scène de déambulation où le personnage de Laurent Lafitte cherche son amoureuse. Il pénètre dans sa maison et c'est une maison qui est totalement figée par la mort. Il va retrouver son amoureuse qui a été assassinée et ça donne lieu à une scène, un tableau, une composition, une espèce de Pietà inversée puisque c'est lui qui la tient et elle qui est assassinée. Mais cette scène est totalement inutile. Si on dramatise quelque chose qui est de l'ordre de l'horreur, ce n'est pas la peine par le biais d'une histoire d'amour, et ensuite parce que montrée, là où des fois, au cinéma, ne pas montrer, c'est peut-être encore plus fort, puissant, ça s'appelle le hors-champ. Mais cette scène-là me gêne et est maladroite".
Le critique apprécie le film, le cinéaste, une mise en scène pensée et des effets émotionnels intéressants, notamment grâce à la musique : "J'aime beaucoup ce cinéaste, qui est extrêmement intéressant, qui retrouve un de ses thèmes qui est celui du territoire et de la frontière qu'il a vraiment investigué dans tous ses films précédents. C'est un film plus bavard, surtout par rapport au précédent. Je suis d'accord pour cette scène, mais en même temps, elle est accompagnée par une bande-son très tachycarde, d'une espèce de pulsation que je trouve extrêmement intéressante, et la musique va souvent sur ce territoire-là. Donc il y a quand même quelque chose de très pensé dans ce cinéma en termes de mise en scène et d'effets émotionnels. Après, il y a une question centrale dans le film à un moment, qui est la distinction entre le mélodrame où les gens sont porteurs d'espoir et puis la tragédie où, dès le départ, c'est prévisible, et nous, on sait dans quel registre on est puisque le film commence par la fin, et je trouve que réfléchir en termes de cinéma et en termes de narration sur cette dualité entre la tragédie et le mélodrame, et ça passe aussi par la mise en scène, par cette manière de regarder des territoires détruits ça me bouleverse".
La journaliste a surtout été conquise par les deux premiers tiers du film, notamment par la peinture de la vie quotidienne en temps de guerre, après quoi la tragédie et dramaturgie deviennent un peu lourdes à ses yeux : "J'ai été très prise par les deux tiers du film, par la peinture de la vie quotidienne pendant la guerre au Liban, qui fait aussi écho à l'actualité. C'est très poignant, ça montre vraiment quelque chose de très détaillé, de très sensoriel sur ce que ça peut être de vivre avec des bombardements, de vivre dans un univers où tout peut basculer à tout moment, c'est très fort et Laurent Lafitte est formidable. Le film me perd au moment de cette scène maladroite puis dans le fait qu'on soit dans ce programme de tragédie, ce rouleau compresseur qui fait qu'on sait où va le scénario, la construction est déterminée, avec aussi cette accentuation de cet amour pour la jeune fille qui est très peu caractérisée au-delà du fait qu'elle joue Antigone et qui devrait suffire à la caractériser. Et je trouve que le film se désincarne et tout ce qui était si fort et si nuancé dans cette première partie, il se perd dans cette structure dramatique un peu lourde".
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