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SYNOPSIS : Goichi Mizoguchi, conformément aux dernières volontés de son père, est pris en charge par le bonze Tayama du temple Shukaku, le « Pavillon d’Or ». Des touristes visitent le temple. Un couple s’amuse. Pour le jeune homme, ces gens souillent l’image sacrée qu’il a du temple. Peu après, Mizoguchi aperçoit Tayama accompagné d’une geisha. Plein de désillusion, il va tout faire pour rendre sa pureté au Temple.
Presque 70 ans après sa sortie, l’heure est à la renaissance pour Le Pavillon d’Or réalisé par Kon Ichikawa. Sous les traits d’une restauration 4K qui vient surtout remettre en valeur le travail formidable du célèbre directeur de la photographie Kazuo Miyagawa (collaborateur récurrent de Kenji Mizoguchi, d’Akira Kurosawa ou encore de Kenju Misumi – pardonnez du peu), nous pouvons à nouveau remettre les yeux sur cette adaptation du roman du même titre écrit par Yukio Mishima. Le Pavillon d’Or raconte l’histoire de Goichi Mizoguchi, un jeune homme bègue pris sous la tutelle du bonze Tayama – un vieil ami de son défunt père – qui s’installe dans un temple à côté du célèbre Pavillon d’Or. Quelques temps plus tard, la police arrête Mizoguchi, accusé d’avoir mis le feu au bâtiment. Le film retrace alors l’arrivée du jeune homme au temple et les évènements qui ont mené à l’incendie.
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Pour raconter cette histoire, issue d’un vrai fait-divers qui a secoué le Japon en juillet 1950 (le Pavillon d’Or était considéré comme un trésor spirituel national), Kon Ichikawa pioche dans le roman de Mishima pour explorer les raisons qui ont poussées Goichi Mizoguchi à allumer cet incendie dans un lieu de culte si vénéré – y compris par lui-même. A travers une mise en scène proche de ses personnages, offrant à Kazuo Miyagawa la possibilité de sortir les machineries qu’il apprécie tant pour mettre du mouvement dans ses cadres (on y trouve des travellings, des panoramiques et autres transitions très intelligentes), Ichikawa s’attaque surtout aux conflits que connaît son protagoniste tout au long au film. Mizoguchi a grandit dans une éducation spirituelle intense, écoutant sans arrêt son père lui vanter la beauté du Pavillon d’Or et de sa pureté sans égale. Lorsqu’il arrive au temple après le décès de son paternel, le jeune homme – déjà moqué par ses pairs à cause de son bégaiement et de son manque d’éloquence – montre un attachement quasiment obsessionnel avec le lieu, prenant à cœur de protéger sa « pureté » à tout prix. Mais au fur et à mesure du film, les repères de Mizoguchi sont déséquilibrés par une série de constat : tout n’est pas aussi pur qu’il ne le pensait. Tout le monde, sans distinction, a le droit d’entrer dans le temple, le bonze ramène une geisha dans ses appartements, l’accès au bâtiment nécessite le paiement d’une certaine somme d’argent …
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Sous les traits de Raizō Ishigawa (pas de lien de parenté avec le réalisateur), Goichi Mizoguchi est un personnage vraiment très intéressant à explorer, par la complexité du conflit qui l’anime et par la violence de son histoire personnelle. Malgré tout, le film échoue un peu à complètement saisir l’esprit de son personnage principal, le captant surtout de l’extérieur là où l’on aurait probablement gagné à faire un tour à l’intérieur de son cerveau et de la façon dont il voit le monde (parti pris que choisi d’ailleurs le livre d’origine). Mais par sa mise en scène enlevée, par la magnifique composition musicale de Toshirō Mayuzumi et par le travail très délicat de ses dialogues, Le Pavillon d’Or reste malgré ses quelques défauts structurels une construction architecturale élégante et intelligente qui réussit très bien à capter le conflit existentiel de son personnage central.
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Par une écriture qui joue avec les flashbacks pour raconter le récit interne de son protagoniste – flashbacks amenés par des changements de lumière assez impressionnants – Kon Ichikawa (aidé par les plumes de Keiji Hasebe et Natto Wada) raconte la mort d’un mythe, la spiritualité qui se confronte à la nature imparfaite de l’Homme et de son naturel » impur ». Pour Mizoguchi, que l’on comprend vite troublé mentalement, cette impureté ne peut pas exister. Le Pavillon d’Or raconte une certaine mort de l’innocence par le prisme de la religion, une perte de repère qui est condamnée à être incomprise.

Titre Original: ENJÔ
Réalisé par: Kon Ichikawa
Casting : Raizô Ichikawa, Tatsuya Nakadai, Ganjirô Nakamura …
Genre: Drame
Sortie le: 19 Août 1958
Date de reprise : 15 janvier 2025
Distribué par: Splendor Films
TRÈS BIEN












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