Pour la future sortie...
https://youtu.be/MHqcDaqpRbo
https://esprit.presse.fr/article/jean-philippe-beja/xi-jinping-ou-le-retour-du-totalitarisme-43089
L’avènement de Xi clôt la séquence de la réforme et de l’ouverture.
Le Parti ne ménage pas ses efforts pour imposer la nouvelle orthodoxie. Ainsi, la plupart des universités ont aujourd’hui un département d’étude de la pensée de Xi Jinping, tandis qu’à l’Académie des sciences sociales de Chine, les projets de recherche sur ce sujet bénéficient de généreux financements. En même temps, le PCC rétablit un contrôle tatillon sur l’enseignement et le débat public : par exemple, les recherches sur l’histoire du régime et de ses excès sont éliminées des cours, et ne trouvent plus d’éditeurs. La lutte contre le « nihilisme historique », qui risquerait de saper la légitimité du régime, revêt une grande importance17.
À tous les échelons, les dirigeants doivent exprimer leur respect pour cette pensée. On a même vu récemment le secrétaire provincial du Guangdong affirmer qu’il fallait « porter haut levé le grand drapeau de la pensée de Xi Jinping sur le socialisme aux couleurs de la Chine pour la nouvelle ère18 », une expression qui rappelle la Révolution culturelle. La « pensée de Xi Jinping » sert surtout à assurer son hégémonie sur le Parti et sur la société.
La « pensée de Xi Jinping » sert surtout à assurer son hégémonie sur le Parti et sur la société.
Pour Xi, la situation de la Chine, lors de son arrivée au secrétariat général du Parti, était dramatique : compromis avec la société, dilution de l’autorité, développement de la corruption à tous les niveaux, lignes politiques contradictoires au sein du Parti, tout cela ressemblait fort aux dernières années de l’Union soviétique. Si l’on voulait éviter l’effondrement du PCC, il fallait qu’un homme fort se dresse et reprenne les choses en main. C’est ce qu’il a fait et, au cours de ses huit années de pouvoir, il a profondément modifié le régime. « Totalitarisme high-tech » pour l’avocat des droits de l’homme Teng Biao, « totalitarisme subtil » selon Cai Xia, « néo-totalitarisme » pour l’homme d’affaires Ren Zhijiang : tous s’accordent pour dire que Xi Jinping a rétabli un régime totalitaire. Ce régime a de nouvelles caractéristiques qui vont à l’encontre de ce qu’avait mis en œuvre Deng Xiaoping au lendemain de la mort de Mao pour éviter que ne se reproduisent les tragédies de la Révolution culturelle : direction collective, division du travail entre le Parti et l’État, limitation du nombre de mandats des dirigeants, institutionnalisation relative des règles de succession en étaient les aspects principaux. Xi n’a pas hésité à les remettre en cause.
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En même temps qu’il remettait de l’ordre dans le Parti, Xi a lancé une offensive contre les ONG qui s’étaient développées dans tous les domaines pendant la première décennie du xxie siècle. Dès 2013, les animateurs du Mouvement des nouveaux citoyens, qui réclamaient l’instauration du constitutionnalisme et la publication des avoirs des cadres corrompus, ont été arrêtés et condamnés8. En 2015, le Parti a lancé une rafle des avocats engagés dans le mouvement de défense des droits9.
La même année, des militants d’ONG impliqués dans la défense des droits des ouvriers ont été arrêtés. Les animateurs de ces organisations ont été empêchés de choisir leur avocat et contraints de faire des autocritiques télévisées, dans la meilleure tradition stalinienne. Au bout de deux ans, la plupart des ONG véritablement autonomes, à l’exception de celles qui défendent l’environnement, ont été démantelées.