Pendant seize ans, de 2008 à 2024, chaque mois, le critique d’art et écrivain français Jean-Yves Jouannais est monté sur la scène au Centre Pompidou pour lire et commenter sa « collection de citations de livres de guerre ». De A comme « Abattre mort » à Z comme « Zuran », il a ainsi conçu au fil du temps une œuvre hors-normes, une sorte de livre parlé, une performance au long cours qui restera dans les mémoires comme une des œuvres littéraires les plus fortes de l’extrême contemporain.
« L’Encyclopédie des guerres a été, dès ses débuts, envisagée comme un cycle épique, inscrit dans une tradition strictement orale. Je n’ai cessé de répéter que je ne tenterai pas de traduire cette expérience sous forme de livres. C’était vrai ; c’était faux. Je n’ai pas désiré transcrire les conférences en grande partie improvisées qui se sont succédées au centre Pompidou. En revanche, cette immersion dans la guerre a aiguisé les motifs de ma curiosité pour ce sujet. Aussi me suis-je arrêté sur des thématiques particulières qui ont été le prétexte de quelques ouvrages : L’Usage des ruines (Verticales, 2012) ; Les Barrages de sable (Grasset, 2014) ; La Bibliothèque de Hans Reiter (Grasset, 2016). Ce sont tous des fruits venus au même arbre, tout comme l’exposition à l’IMEC (mai-novembre 2024) et le livre qui l’a accompagné. Cet arbre non cultivé, sauvage, a produit des fruits différents, qui n’avaient jamais ni la même forme, ni la même saveur, plus ou moins astringents, tanniques, dont je ne suis pas sûr d’ailleurs qu’ils aient été tous comestibles
Je ne suis pas un chercheur, encore moins un chercheur universitaire. Je n’en ai ni les compétences, ni la nécessité, ni le goût. Je trouve par accident, dans le trébuchement. C’est là le principe premier de l’Encyclopédie des guerres. Celui d’une heuristique idiote visant, non pas à trouver des réponses adéquates à des questions impossibles, mais à produire des images à même d’étoffer des poèmes. J’ai regardé des objets dont je n’étais jamais sûr qu’ils me faisaient signe. C’est ainsi que les personnages de Cosmos de Witold Gombrowicz buttent sur le spectacle d’un moineau pendu. J’ai mené cette enquête, non pas en vue d’éclairer des zones d’ombre, mais en pariant sur les vertus que John Keats attribuait à la fameuse « capacité négative », faculté de se tenir « au milieu des incertitudes, des mystères, des doutes, sans se sentir obligé d’aboutir à des faits et au raisonnable ». Jean-Yves Jouannais











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