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Sortie n° 22980501, créée le 19 09 2024
La nuit de m. antonioni
Sponsor
Organisateur
Date de la sortie
Heure de début
Dimanche 22 Septembre 2024

Inscriptions & désinscriptions jusqu'à :
19:15 (H-1)
20:15
Descriptif de la sortie

 

Quatrième film du cycle Michelangelo Antonioni (en moins d’une semaine, l’année 2019 commence fort !), cette fois on entre dans le dur, le solide, un classique parmi les classiques, un chef d’oeuvre de surcroît, voici un post sur La notte, film de 1961, la période la plus glorieuse et la plus créatrice du réalisateur.

Giovanni Pontano est un écrivain mondain, marié – et sans enfants – à Lidia. Ils vont rendre visite à l’hôpital à un ami mourant, Tommaso, et, alors qu’il s’apprêtait à quitter l’hôpital, Giovanni est alpagué par une patiente nymphomane qui essaie de lui faire l’amour avant que les infirmières ne les en empêchent. Ensuite, le couple se rend dans un cabaret pour quelque temps sans vraiment communiquer et en s’ennuyant à cent sous de l’heure avant de se décider à se rendre à une soirée fastueuse organisée par un grand industriel milanais.

En 1960, L’avventura est projecté à Cannes et divise considérablement les opinions : pour faire court, disons que la critique adore, mais que le public déteste. C’est alors qu’Antonioni commence à tourner son prochain film, La notte donc, en juin 1960, avant même que le précédent ne soit sorti en salles. C’est à dire que le réalisateur a dû composer avec des réactions mi figue mi raisin à son précédent film, collectées lors d’un nombre très réduit de projections, avant de se décider quoi faire pour le suivant. Et que croyez-vous qu’il fît ? Il a tout simplement continué à creuser son sillon pour réaliser un film purement antonionien (on y retrouve le style du réalisateur dans sa forme la plus pure) mais aussi un petit peu moins hermétique à mon avis que ses autres films de la même époque. Un autre chef d’oeuvre en tout cas.

La_notte

Antonioni est un réalisateur qui, dans son cinéma, a décidé de s’affranchir presque totalement du récit. Les péripéties de l’action sont d’une part peu nombreuses et en plus parfois trompeuses comme dans L’avventura par exemple où la disparition d’Anna au début n’est qu’un leurre qui n’apporte rien à l’action. Le thème du film n’est pas non plus porté par les dialogues qui sont toujours réduits à la portion congrue, ce sont des procédés purement cinématographqiues qui véhiculent le ou les messages du film : attitudes et réactions des acteurs, découpage, plans, décors, lumière etc … Ce procédé assez expérimental marche plus ou moins bien. Dans certains de ses films (exemple : Le désert rouge, voire L’éclipse) on perd un peu le fil, dans d’autres, c’est tout simplement lumineux et le caractère expérimental de ce cinéma rend le film d’autant plus singulier. La notte se range dans cette catégorie.

Le thème principal (il y a d’autres thèmes secondaires mais celui-ci écrase tout), c’est le couple qui cesse de s’aimer et se délite. Il est particulièrement bien décliné dans la longue scène (qui occupe plus de la moitié du film) de la soirée dans la villa où Lidia et Giovanni sont séparés au début et ne se retrouveront qu’à la fin après avoir vainement papillonné et alterné ennui profond, discussions oiseuses avec des convives souvent stupides et flirts non couronnés de succès. Le film insiste sur les invités soit qui ont l’air de s’éclater de plaisanteries idiotes, soit qui sont embarqués dans de sérieuses discussions sur des sujets essentiels comme l’argent ou le pouvoir et, en contraste avec ceci, le couple qui chacun de son côté arpente les couloirs de l’immense maison et du jardin, errant comme une âme en peine. Giovanni essaie bien de séduire Valentina mais celle-ci se dérobe en enfonçant le clou de se misère affective (à tel point qu’à la fin, il en est réduit à faire l’amour avec … sa femme, vous vous rendez compte !), Lidia elle de son côté se laisse embarquer par le beau Roberto mais finit à la dernière minute par rejeter ses avances. Le questionnement de ces deux là, leur volonté de rechercher (ou de susciter pour Lidia) des amourettes de substitution à leur passion éteinte est pathétique et exprimée à l’écran de manière magistrale.

Antonioni a dû choisir ses acteurs avec soin et cela d’autant plus que, comme à l’accoutumée, il se devait des les avoir à sa main. C’est un réalisateur qui exige d’eux une obéissance totale, pour lequel aucune improvisation n’est permise. C’est lui qui dirige son casting de manière mécanique et ses acteurs doivent suivre les directives précises qu’il leur donne sans rien objecter. Il n’en va pas moins s’entourer, pour La notte, de deux des plus grands acteurs de l’époque, une première chez lui, qui ne va pas sans poser quelques problèmes comme on va le voir.

La_notte1

Dans le rôle de Giovanni, nous avons un Marcello Mastroianni dans ce que je considère, personnellement, être son meilleur rôle. L’acteur est beau comme un dieu dans son costume italien taillé à la perfection, il joue à fond de la séduction dans la soirée avec son petit air de ne pas y toucher, le front toujours un peu baissé, il a un formidable sens de la répartie aussi bien pour se débarrasser des importuns que pour tenter de séduire la belle Valentina et en même temps, il exprime toujours cet indéfinissable vague à l’âme dans chacun de ses regards; son attitude détachée contraste avec celle, exubérante, des autres invités, rien ne semble l’affecter, même pas le – très impressionnant – spectacle de contorsionniste au cabaret, non plus que les discours absurdes ou provocateurs sur la littérature des autres convives, ni même la mort de son ami Tommaso que sa femme lui annonce au petit matin. Il incarne à la fois cette élégance raffinée, cette prestance aristocratique qui est celle de son personnage mais son jeu exprime quant à lui la désillusion du couple et la fatigue de cette vie conjugale qui transpire à chaque plan. En fait, Mastroianni dans ce film mérite le compliment ultime dans ma bouche : c’est le pendant masculin de Monica Vitti dans L’avventura : il est aussi sublime, aussi beau, aussi fascinant, aussi expressif que l’actrice dans ce qui est le précédent film du même réalisateur. Et c’est d’autant plus méritoire que Mastroianni n’a pas du tout aimé ce tournage, le froideur du réalisateur qui manipulait ses acteurs comme des bibelots, sans vraiment interagir avec eux et encore moins les encourager, l’a profondément perturbé et lui laissera un souvenir assez cuisant. Et pourtant, de ce tournage que l’acteur a trouvé pénible, rien, absolument rien ne transparaît à l’écran.

Pour ce qui est du rôle de Lidia, il fallait trouver quelqu’un qui soit à la hauteur de Mastroianni. C’est chose faite avec Jeanne Moreau. L’actrice a vu (et a été fascinée par) L’avventura. Elle a alors écrit à Antonioni pour lui suggérer de l’employer … ce à quoi le réalisateur lui a répondu immédiatement en lui offrant rien moins que le rôle principal dans son prochain film. Et que croyez-vous qu’il advînt ? Eh bien l’actrice a détesté ce tournage, pour les mêmes raisons que Mastroianni. Le côté froid et distant du réalisateur l’a profondément rebutée, voire déprimé, elle n’aime pas son personnage, considère qu’il ne lui ressemble pas. En fait elle était mal à l’aise, lasse, neurasthénique … exactement comme Lidia, c’est à dire comme ce qu’on lui demandait d’être. A l’écran, son visage est incroyablement expressif pour exprimer l’ennui ou le mépris, aussi bien pendant la soirée que pendant d’autres scènes dans le cabaret ou dans la voiture lorsque Giovanni lui avoue s’être laissé entraîner par la patiente nymphomane à l’hôpital. Moreau, plus que Mastroianni, joue tantôt l’indifférence, tantôt le dédain dans son visage, voire son attitude pour transmettre de manière si prégnante cet ennui, la fin de la passion qui est précisément le cahier des charges du film. Il y a une espèce d’alchimie dans La notte où les deux interpètes principaux ont été malheureux, ont eu l’impression d’avoir été sous-employés – alors que ce sont des superstars – pour un résultat final assez éblouissant, à mes yeux en tout cas.

La répartition des rôles entre l’homme – Giovanni – et la femme – Lidia – est classique dans le cinéma d’Antonioni. Mastroianni / Giovanni essaie – sans trop y croire vraiment – de nier l’évidence (de la mort de leur relation) et essaie de forcer son désir avec les femmes qu’ils croise (la nymphomane, Valentina et enfin sa femme), Moreau / Lidia est au-dessus de tout cela : elle refuse les avances avec dédain, toise tout le monde avec un mépris contenu, et reste même insensible aux infidélités de son mari, allant même jusqu’à sympathiser avec Valentina à la fin de la soirée. Ce sont les femmes qui ont le plus prises avec la réalité, qui connaissent ou comprennent le mieux leurs sentiments et qui se font le moins d’illusions sur un avenir qu’elles pressentent – avec raison – sombre.

La_notte2

On pourrait ajouter un petit laïus sur le cinématographie avec toujours les même superlatifs. Un magnifique noir et blanc peut-être encore plus justifié que dans L’avventura ou L’éclipse. Certains plans sur le jeu d’échec avec Valentina ou lorsqu’on montre les ridules à la surface de l’eau de la piscine ainsi que la lumière qui diffère en fonction de l’heure de la journée (l’après-midi au début après l’hôpital, la nuit pendant la soirée et l’aube pour finir) ou encore les choix d’accessoires et de tenues, (les cheveux ou perruques tantôt noir de jais – Valentina – , tantôt blond platine) : le film développe un usage choisi et pensé du noir et blanc pour renforcer si c’est possible son esthétique déjà méticuleusement élaborée.

Les plans eux-aussi sont magnifiques, certains sont mémorables lorsqu’ils associent un personnage avec un bâtiment. C’est un peu la marotte d’Antonioni d’utiliser l’architecture pour véhiculer certaines des idées du personnages en le mettant en scène dans un décor choisi et La notte n’échappe pas à cette règle. Le réalisateur a formalisé sa manière de filmer et les ambitions de chaque plans dans son scénario de manière très précise. Il s’agit de filmer non seulement en fonction de l’esthétique de la scène mais aussi de ce qu’on veut faire passer à l’écran. Par exemple, nous avons une scène où la caméra filme Lidia debout à l’angle d’un immeuble vertical, scène décrite comme ceci dans le scénario : « Lidia atteint le point où il y a un espace sous le grand bâtiment de verre. Le soleil éclaire verticalement cet espace étroit. Elle regarde le coin de ciel au-dessus de l’immeuble comme si elle voulait fuir ces murs oppressants ». Tout le style Antonioni est là. Il n’y a pas de scénario, ce sont les plans, le choix des lieux et des attitudes qui sont le scénario, qui expliquent ce que le cinéaste veut transmettre au public. Et dans La notte, c’est expliqué de façon à la fois claire et lumineuse.

Malgré un tournage éprouvant, très court (62 jours) et aussi la faillite d’un producteur, La notte sort en février 1961 en Italie et simultanément en France (en version française, version supervisée par Antonioni lui-même dans laquelle, bien entendu, Jeanne Moreau se double elle-même) et obtient un grand succès. Pour compléter le tout, le film gagne de surcroît l’ours d’or au festival de Berlin. C’est donc la consécration pour ce film avec lequel Antonioni aura finalement réussi un prodige : survivre à L’avventura, c’est à dire tourner un film qui soit quasiment à la hauteur de ce(t autre) chef d’oeuvre qu’est L’avventura. C’est peu dire qu’après cela, Michelangelo Antonioni réalisateur est « lancé ». Il lui reste quand même à compléter sa trilogie (avec L’éclipse, l’année suivante) avant d’explorer d’autres horizons hors d’Italie essentiellement. Certes, il n’arrivera plus à mon avis, à atteindre la grâce de ces films de début de carrière mais cela est une autre histoire. Pour le moment, ne pensons pas à l’avenir, émerveillons nous de le beauté sublime de La notte, de ce condensé de ce que le cinéma – et seulement lui – peut apporter à la compréhension ou le perception de l’âme humaine et des sentiments diffus qu’elle peut générer. On n’assiste pas à un tel spectacle tous les jours.

Et merci encore à la formidable émission Travelling qui m’a soufflé quelques une des éléments de ce post.

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