La Cerisaie
Tiago Rodrigues n’avait jusqu’ici abordé les classiques qu’en les refondant profondément (ainsi de son Antoine et Cléopâtre). Cette fois-ci, le metteur en scène portugais semble vouloir rester au plus près du texte de Tchekhov.
Comment donc envisage-t-il cette Cerisaie ? S’il fallait la résumer d’un mot, il choisirait aujourd’hui celui de changement. Cela n’a pas toujours été le cas. Jusqu’ici, il avait toujours considéré « a dernière pièce de Tchekhov comme une œuvre sur la fin des choses, la mort, les adieux. » N’y est-il pas question de la vente inéluctable d’une vieille propriété familiale, du sacrifice de son verger presque centenaire ?
L’auteur a tout de même qualifié de « comédie » son ultime chef-d’œuvre, comme pour inviter son public à ne pas s’en tenir à la mélancolie. Dans l’œil de ce tourbillon tragicomique de destruction créatrice se tient Lioubov. Cette Cerisaie où elle perdit un fils est comme une part de son âme ; pourtant, Lioubov reste sourde aux avertissements de Lopakhine, le moujik enrichi. « Créature complexe, extravagante et lunaire », Lioubov est pareille au « pivot tragique sur lequel tout s’articule ». Isabelle Huppert incarnera au Festival d’Avignon, dans la Cour d’honneur du Palais des papes, cette « victime sacrificielle » offerte « aux dieux du changement », héroïne d’une Cerisaie à l’image de nos incertitudes – car « monter La Cerisaie aujourd’hui », affirme Tiago Rodrigues, c’est « aborder les douleurs et les espérances d’un monde nouveau. C’est nous regarder ».
Auteur : Anton Tchekhov
Artistes : Isabelle Huppert, Alex Descas, Marcel Bozonnet
Metteur en scène : Tiago Rodrigues
Durée : 2h30
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