L’ENVOL

j’ai découvert le magnifique travail de Matthew Brookes, portraitiste américain dont la sensibilité et le regard sur les corps des danseurs m’ont tout de suite parlé et émue. Sa bienveillance, et sa discrétion mettant en valeur la beauté et l’intensité de ses modèles.

Une de ses images représente d’ailleurs le danseur étoile Hugo Marchand en plein vol. Son corps exprimant la liberté, la puissance et la grâce, atteintes après des années de travail, de sacrifices, pour ce moment fugitif mais parfait. C’est pour cela que cette nouvelle exposition se nomme « l’Envol ».

Il y a quelques années en sortant de la projection du film Billy Elliot, avec ma mère, je la trouvais bouleversée par la fin du film…elle me dit alors que cette fin lui avait permis de verbaliser sa passion pour son art, et qu’en effet c’était ce saut, cet envol, cette liberté, qu’elle avait toujours poursuivi sans l’avoir jamais formulé clairement. Ce fut un moment très beau et très fort. Et c’est d’autant plus émouvant que Matthieu Brookes a aussi photographié le danseur du Swan Lake de Matthew Bourne, à l’origine de ce moment de cinéma. Comme souvent, tout prend sens.

Nous avons aussi beaucoup d’autres photographes présents : Gilles Tapie qui a réalisé les plus belles images de sa femme Sylvie Guillem, pour moi la plus grande danseuse jamais vue. Robert Doisneau dont nous avons retrouvé des tirages des années 50. Sam Shaw ami de Marilyn Monroe, et témoin de la star, chez elle, dansant dans son jardin, la pureté de ce moment, cette insouciance et la grâce de Marilyn ne cessent de m’émouvoir…ou encore les superbes images de Maria Helena Buckley photographe à l’Opéra de Paris, témoin privilégié des Etoiles mais aussi amie de la grande Polina Semionova étoile à Berlin. Et enfin Ann Ray dont la complicité avec les danseurs rend les images plus intimes, plus fortes !

Tous ces instants forment un tout, totalement subjectif, qui je l’espère saura émouvoir et inspirer les visiteurs de cette nouvelle exposition, et rendre ne serait-ce qu’un peu, le bonheur que ces danseurs nous apportent.

Julia Gragnon