l’érosion silencieuse de l’inconscience

L’humain naît avec une spontanéité vibrante, une curiosité insatiable et une capacité naturelle à ressentir pleinement chaque instant. Cet état d’être, c’est l’enfant intérieur : un espace d’émotions brutes, de désirs authentiques et de connexion immédiate avec la vie. Il perçoit avant de comprendre, il ressent avant d’analyser.

Puis vient l’adulte, façonné par l’éducation, les règles et les responsabilités. Peu à peu, il apprend à structurer ses pensées, à maîtriser ses émotions, à différer ses besoins. Il gagne en autonomie, en contrôle, en rationalité. Mais souvent, dans ce processus, l’enfant intérieur est relégué dans l’ombre.

Lorsque l’adulte devient inconscient – non pas au sens médical, mais au sens spirituel et psychologique – il oublie ce qu’il était avant d’être façonné par les normes. L’enfant en lui ne disparaît pas, mais il est recouvert de couches de raisonnements, de défenses et d’habitudes automatiques. Les élans spontanés deviennent des hésitations, les émotions vives se figent dans des jugements. La joie pure est troquée contre une quête de sécurité, et l’émerveillement se dissout dans la routine.

Pourtant, l’enfant intérieur n’attend qu’un signe pour renaître. Une émotion forte, un instant de lâcher-prise, une reconnexion au corps ou à la nature peuvent suffire à fissurer la carapace de l’adulte inconscient. Car, en réalité, l’adulte et l’enfant ne sont pas séparés. Ils coexistent. Mais seul l’adulte conscient peut rétablir ce dialogue intérieur, en écoutant à nouveau ce que son enfant a à lui dire.

Là où l’inconscience enferme, la conscience libère. Et dans cette libération, l’adulte retrouve l’essence même de son être : un équilibre entre sagesse et spontanéité, entre structure et liberté.