Cet écrit éclaire de manière remarquable le positionnement politique de Kojève avant la Seconde Guerre mondiale. Celui-ci prône l’historicisation de la vérité et la conception de l’homme comme être social, théories qui se trouvent déjà chez Bayle, tout en formulant des réticences à l’égard de sa doctrine de la tolérance. Elle aboutirait à un État qui réprime toute action révolutionnaire, méfiant à l’égard des intellectuels, producteurs seulement d’opinions. Or, si la vérité de l’homme se crée activement dans l’histoire « elle doit être capable de s’imposer » (PD, 250). Comme il l’affirme ailleurs dans son Introduction à la lecture de Hegel, un État tolérant ne parviendra jamais à réaliser un régime de reconnaissance mutuelle à l’échelle globale. À travers la mise en parallèle de l’affrontement entre protestantisme et catholicisme au XVIIe siècle et de celui entre fascisme et communisme qui lui est contemporain, Kojève, dans une lettre adressée à Leo Strauss et datée du 2 novembre 1936, fustige la position démocratique intermédiaire. Il faut choisir, dit-il, son camp.
Bien que le contexte d’aujourd’hui soit fort différent de celui des années 1930, les écrits de Kojève s’avèrent néanmoins d’une actualité surprenante. À la suite de la crise financière de 2008, l’État a, davantage en pratique qu’en théorie, fait son retour comme acteur politique incontournable. À ce titre, les réflexions de Kojève insistent sur le fait que l’État n’est pas seulement un mal nécessaire dont les empiétements risquent de mettre en cause la liberté de l’individu. C’est, au contraire, seulement l’existence de la forme étatique de l’être ensemble qui rend possible la reconnaissance de chacun par tous. Ce n’est pas le moindre mérite de l’approche historique de Marco Filoni de nous faire entrevoir que le sage hégélien n’a pas encore dit son dernier mot.












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