« Nous qui désirons sans fin » est le titre
de l’exposition personnelle de Karine Rougier
au Drawing Lab. Distinguée par le Prix Drawing
Now en 2022, l’artiste profite de cette invitation
pour proposer une véritable balade collective.
Du dessin au graphite à la gouache, de la peinture
à l’aquarelle, des films en pellicule aux dioramas,
nous vous proposons non pas de découvrir une
histoire, mais plutôt les histoires de Karine Rougier
et de ses invité•es.
Ses nouveaux dessins réinventent une nature
où les formes humaines se mêlent aux formes
animales, où corps et puissances invisibles
s’unissent en une même et envoûtante étreinte.
Traversées d’un puissant élan vital, ses
compositions sont le fruit d’un regard émancipé
qui insuffle aux corps désir et puissance.
D’abord profondément inspirée par les enluminures
du « Clavis Artis », un manuel d’alchimie de la
fin du 17e ou début du 18e, les miniatures de
Karine Rougier entrent en résonance avec le
monde d’aujourd’hui, abordant l’urgence climatique
, la puissance de la nature et la relation des êtres
vivants aux éléments symboliques. «
Nous sommes les enfants d’un monde dévasté,
qui s’essaient à renaître dans un monde à créer
.Apprendre à devenir humain est la seule radicalité
» Raoul Vaneigheim.
Au Drawing Lab, Karine Rougier explore ses
mondes de façon inédite. Elle joue des échelles
et des supports, troublant les limites de la réalité
et de la fiction. D’abord au graphite sur papier, puis
plus connu grâce aux couleurs de la gouache et de
l’acrylique, chaque dessin est un foisonnement de
détails, d’icônes et d’attributs empruntés dans
toutes les civilisations du monde. La pratique du
dessin a toujours été présente dans l’oeuvre de
l’artiste. La profusion des détails nous incite à nous
en approcher et à en explorer toutes les significations.
Dans cette exposition fluide, dans laquelle l’eau
et les fluides corporels font lien, Karine Rougier
revisite et donne un nouveau souffle à ces images
anciennes, comme pour se protéger de la réalité
du monde si terrifiante, afin d’ouvrir nos coeurs
à la magie, la tendresse, mais aussi faire parler
les monstres et les mondes invisibles. L’artiste
aborde également le caractère universel de
l’étreinte, de l’allaitement, l’enlacement des corps
comme source d’amour et d’énergie personnelle
ou collective.
Le dessin quitte le papier et prend vie dans deux
courts métrages réalisés à quatre mains avec
Valérie Pelet. Réalisés à l’aide de la bourse de
production de Mécènes du Sud au Centre de
Conservation et de Ressources (CCR) du Mucem
à Marseille, les courts métrages mettent en scène
des cartes à jouer et des cartes divinatoires.
Ces actions donnent symboliquement vie aux
cartes à jouer des différents siècles, restées
soigneusement classées et archivées dans les
étagères du CCR de Marseille. Le duo questionne
alors l’approche esthétique des gestes qui mettent
en scène le dispositif même de l’archivage et le
geste du jeu, le rôle du hasard que l’on tente en
vain de contrôler. Sur terre, dans l’eau, le dessin
et les films de Karine Rougier et Valérie Pelet
s’amusent avec les éléments allant jusqu’aux
astres et les divinités.